Coucou, tu veux voir ma LED ? Ah ben non…
Et oui, enfin ! J’ai entre les mains, depuis une petite semaine, la nouvelle version du smartphone Android by Google. Grand adorateur du Saint Nexus One et plus généralement des produits finis et suivis, j’attendais cette évolution avec impatience. Avec impatience oui, parce que maintenant, après 3 mois, je pense que ce n’est plus la peine d’espérer : Google ne suivra plus ses Nexus One. Gingerbread, peut-être… dans 3 autres mois… mais la suite ? Incertaine.
Partant de ce constat, évidemment, j’en attendais beaucoup de ce smartphone. Après tout, Nexus est une image de marque, celle du smartphone qui, même s’il n’a pas cartonné, a imposé un standard pour le haut de gamme sous Android. Je conseille aujourd’hui encore à des amis d’acheter un HTC Desire, frère du Nexus One. Mais évidemment, il a fallu que Google choisisse Samsung et son passé douteux (Galaxy S : réussite malgré les nombreux bugs, Galaxy : berk, Galaxy Spica : berk berk). Et même si la firme aux o multiples a surveillé de près, le résultat est… surprenant. Verdict.
Oh Samsung, wherefore art thou Samsung ?
Les deux frères, un vieillard triste et un jeune amputé.
Je ne sais pas si j’avais déjà utilisé cette formule pour un autre de mes tests, mais en tout cas c’est la première chose qui m’est venue à l’esprit en cherchant le titre pour cette première partie. Petit rappel de ce qu’était le Galaxy S : un smartphone très puissant, avec un écran magnifique, mais accablé par des problèmes matériels gênants (GPS…), une finition plastique, une surcouche logicielle mal pensée, et un look très iphonesque. Sur le dernier point, évidemment, les goûts et les couleurs, mais vous verrez que ça a un certain sens…
Car malheureusement, le Nexus S souffre lui aussi de défauts qui seront impardonnables pour la plupart d’entre vous. Et qui m’ont rendu tout déception pour parler chat. Tenez, prenez par exemple le système de notification Android : une diode, verte, rouge, orange ou alors une boule clignotante. Habitué à utiliser mon smartphone en mode silencieux sans vibreur, ces notifications visuelles étaient parfaites. De même, une diode peut servir à plein de trucs : témoin de charge, alerte SMS, alerte mail, notification d’un appel… bref.
“Bon les gars, pour traduire Gingerbread, on va utiliser Google Traduction, ok ?”
Et bien Samsung n’a pas mis de diode. Pas du tout. Pas même un petit témoin lumineux. Rien de rien. Le Nexus S posé sur votre bureau en mode silencieux est comme un Nexus S éteint, impossible de voir ce que l’on vous envoie. Je ne sais pas si vous pouvez réaliser l’importance de ce détail sans avoir subi son absence, mais pour moi, cela aurait été une disqualification directe s’il n’avait pas eu bien d’autres qualités.
En parlant de qualité… le Nexus S est en plastique glossy. Oh, certes, le plastique est très doux, très beau, très ferme… mais cela reste du plastique. Qu’est-ce que cela veut dire ? Oh, bah simplement que depuis que j’ai des téléphones portables, ils tombent au bas mot 5 fois par an et survivent tous à la chute. Mon Nexus One s’est même dissocié en 3 parties un jour. Sans une égratignure. J’ai le Nexus S depuis 5 jours… il a subi UNE chute de la hauteur d’une chaise (45cm) : bim, un pète. Je ne veux pas accuser Samsung pour ma maladresse, mais quand même, un portable porte bien son nom et doit au moins résister à la plus banale des chutes, mettons celle de votre table de nuit quand vous voulez couper violemment l’alarme.
Il va falloir lui insérer du micro-SD dans le fondement pour le docker.
Ce ne sera pas le cas pour le Nexus S, alors surprotégez le, d’autant plus que Google n’a pas fourni la fameuse pochette Android cette fois… du coup elle devient collector pour les possesseurs de Nexus One, mais oblige l’achat d’une protection solide pour le Nexus S. Puisqu’on est dans la partie grief, ne comptez pas non plus sur un dock aussi génial que pour le Nexus One (charge par capteurs sous le téléphone et non pas par usb, reconnaissance d’un mode dock horloge etc.), puisque le Nexus S n’a qu’un port micro-usb et une sortie jack.
Je vous rappelais le problème du GPS du Galaxy S en introduction… et bien ce n’est pas encore ça. Oh, cette fois-ci, il vous repère à moins de 3km à la ronde hein, il peut même être très précis en voiture ou en ville, mais il a tendance à vous trouver dans la mer quand vous la longez, ou dans les immeubles quand vous êtes sur un trottoir. De même, la boussole met un certain temps à comprendre dans quelle direction vous allez. Lors de mes tests, l’accroche a pu être tour à tour instantanée ou assez lente, sans que je puisse trouver la cause de ces différences. “C’est du Samsung” diront les esprits moqueurs…
3 widgets pour faire la même chose qu’avec 1 sous Froyo avec une application qui ne marche plus.
Enfin, vous connaissiez déjà ces deux défauts majeurs : le Nexus S n’a pas d’emplacement micro-sd et sa batterie ne résiste pas à une utilisation trop intensive. Pour ce qui est de la carte SD, je ne comprends pas. Je ne saurais même pas me prononcer ou émettre d’hypothèse tellement je trouve cela injustifié et injustifiable. Pour la batterie, j’ai été surpris : la charge est plutôt lente sur secteur et elle tient à peine la journée réglementaire. Je ne pense pas qu’elle tienne plus de 4h en mode navigation par exemple, avec GPS activé. Si cela a pu me choquer, moi qui ne fais habituellement pas attention à ce détail vu que je charge toujours mes smartphones quand je suis en intérieur, c’est que cela doit être vraiment faiblard. Mais peut-être est-ce le prix pour un écran de plus de 4 pouces ?
Tout ce que je viens d’énoncer me chagrine énormément, car ces défauts ne devraient pas exister, puisqu’ils n’existent pas sur le Nexus One. Du coup, on aurait presque l’impression de régresser…
Mais, car il y a toujours un mais.
L’écran : beau, grand, réactif. Je sais à quoi vous venez de penser lecteurs masculins.
Mais ces défauts qui mériteraient qu’on sacrifie monsieur cahier des charges chez Samsung sont bien ses seuls défauts. Ouf ! Détendons-nous, car comme nous l’avions dit dans un précédent article du dimanche, souvent le déballage et les premières heures d’utilisations sont les plus subjectives. On veut que le portable fasse TOUT ce que l’on veut. Et bien là, non, c’est raté. Ne le jetez pas pour autant !
Entrons dans une phase objective, celle de l’utilisation quotidienne. D’abord, l’écran. Juste un mot qui résumera bien des lignes : waw. Google ne mentait pas quand ils disaient que la nouvelle technologie d’écran Samsung (très légèrement courbée) serait parfaitement adaptée pour un usage smartphone. C’est vrai, cet écran a des couleurs magnifiques qui conviendra aussi bien aux défenseurs du LCD qu’aux défenseurs de l’AMOLED : elles ne bavent pas, la saturation est inexistante même à haute luminosité et le contraste est très bien dosé. L’éclairage minimal enfin permet tout à fait de profiter du smartphone sans bouffer la batterie.
C’est franchement dur de revenir sur du 3 pouces et quelques quand on a joué avec du 4 pouces et plus de cette qualité.
Au niveau du toucher, rien de moins, c’est du haut de gamme capacitif et multi-point qui réagit littéralement au doigt et à l’oeil. La diagonale d’un peu plus de 4 pouces est très confortable pour taper sur le nouveau clavier, surfer ou utiliser Maps – j’y reviendrai. Depuis mon Nexus One, c’est un des rares smartphones que j’ai pu tester qui était aussi fluide avec que sans Launcher Pro ou ADWex.
Le Nexus S n’a pas été le fer de lance de la révolution dual-core sous Android, mais ses spécifications techniques lui permettent de faire tourner avec de la marge tout ce que vous pourrez trouver sur le market, des jeux 3D aux applications lourdes du type Maps 5.0 ou Earth. Tant qu’Angry Birds fonctionne, après tout…
Mise en abyme en abyme.
Pour ce qui est du multimédia, c’est du tout bon également. On se souvient des photos plutôt réussies du Galaxy S, le Nexus S ne va pas plus loin mais égale son aîné, et c’est tant mieux. Les différents modes de prise de vue (lumière du jour, incandescent, macro…) ne changent pas radicalement l’image mais permettent de faire pas mal de choses. Vous aurez donc un très bon appareil d’appoint de 5mpx, avec flash et rien ne vous empêche d’utiliser une application comme Camera360 si vous voulez plus de fantaisie. Mais jugez plutôt chers lecteurs :
Eh oh, c’est du narcissisme là !
De mémoire de torchon, on en avait jamais vu sur un sur Android-France.
Eclairage lugubre de la SNCF… pas de problème pour le Nexus S !
“Nianiania il pleut toujours à Paris”
Deux possibilités : soit les arbres de la rue Léon Frot sont flous, soit le Nexus S prend de magnifiques photos. On ne saura jamais, j’ai déménagé.
Du côté des lecteurs et autres galeries, on a du Google traditionnel. La révolution Honeycomb n’a pas encore déferlé sur nos smartphones, du coup l’interface et les possibilités sont exactement les mêmes que sur tout téléphone Android disposant des applications de base. Cela dit, j’ai toujours apprécié ces applications et surtout la galerie, qui fait bien son travail en plus d’être esthétique et de se synchroniser avec votre compte Picasa.
Pain d’épice nom nom nom hmmm !
Vous attendiez sûrement cette partie au nom barbare, la voilà donc. Le Nexus S est un téléphone Google et je sais que cet argument est celui qui compte pour beaucoup d’entre nous. A l’heure où les constructeurs et/ou les opérateurs font un peu ce qu’ils veulent avec Android, un modèle Nexus vous assure des mises-à-jour, un suivi par la maison mère, gloire, argent, succès etc.
De nouvelles options apparaissent sur l’écran principal. 4/6 peuvent être atteintes plus facilement.
Et c’est ce brave Nexus S qui a gagné le droit de représenter Android 2.3. Alors, qu’est-ce qui change ? Signalons d’emblée que Gingerbread n’est pas une évolution aussi radicale que le passage de 1.x à 2.x. D’ailleurs, l’utilisateur classique ne remarquera que des changements esthétiques. La barre de notification vire au noir (très classe), certaines icônes ont changé (le wifi notamment), les petites cases à cocher dans les menus ont un nouveau look plus clair… bref, du cosmétique plutôt plaisant.
Ensuite, vous aurez le droit à un menu plus chargé quand vous presserez la touche “menu” sur l’écran principal, avec entre autres l’apparition d’une fonction “Gérer les applications” directement accessible. Dans le même ordre d’idée, on trouve de nouveaux paramètres de confidentialité : une option vous permettra désormais de donner des droits “administrateurs” à une application sans être root. Pratique.
Le truc classe : un bel effet lumineux quand on arrive en bout d’ascenseur.
On trouve aussi évidemment le support du fameux NFC, nouvelle norme censée être super efficace pour communiquer des informations aux smartphones, mais vu que ce n’est pas du tout développé, je n’ai pas réussi à trouver une seule de ces puces émettrices pour tester. Le système en soi à même le droit à une application qui sauvegardera l’historique de vos scans. Même chose pour les téléchargements faits à partir du navigateur (il était temps !), vous aurez désormais une application qui lira le contenu du répertoire “downloads”, accessible auparavant uniquement depuis un file manager à télécharger en plus.
Le widget agenda : petit moche et sans aucune fonction, pour vous servir depuis 2007.
Amélioration importante, celle du clavier. Le clavier Android était déjà un exemple d’ergonomie, Google nous a pondu un bijou. Comme le Nexus S n’a ni boule, ni trackpad, il fallait bien trouver un moyen pour se déplacer dans un texte… Motorola ou HTC avaient essayé de répondre à ce besoin avec plus ou moins de succès. Google prend les devants et l’interface de déplacement/sélection/copie tactile est désormais intégrée dans le clavier basique. Pas si basique que ça d’ailleurs, puisque, deuxième innovation, il est désormais multitouch et vous pourrez utiliser les touches “maj” et “chiffres” comme sur un clavier d’ordinateur, en les maintenant simplement appuyées. Une vidéo vaut mieux qu’une explication vaseuse :
Sachez enfin que Gingerbread est devenu bien plus strict lors de la fermeture et la gestion des applications pour préserver sa RAM. Auparavant, quand vous sortiez d’une application d’une manière ou d’une autre, elle ne se fermait jamais mais restait le plus souvent en “veille”c. Maintenant, une sortie par le bouton retour fermera à coup sûr l’application, le bouton home permettant de la mettre en arrière plan. Cela dit, certaines applications codées pour des versions ne réagissent pas très bien à ces changements et se ferment tout le temps. De même, quelques applications ne fonctionnent plus, mais il fallait s’y attendre.
On (je, mais ça fait plus objectif), regrettera deux choses de cette nouvelle version d’Android : l’absence de widgets vraiment pratiques pour les contacts ou le calendrier (toujours le même aussi limité depuis 1.5…) et une absurdité telle que j’ai préféré vous la montrer en vidéo.
Et oui. Et oui… il faudra faire “paramètres/options/sonneries et notifications/vibreur/toujours” pour activer le vibreur. Et vous n’aurez alors plus de mode silencieux. Franchement, je me demande ce qui passe par la tête des gens qui pensent l’ergonomie d’un produit, surtout quand les versions jusqu’à 2.1 étaient parfaites. Bref…
Conclusion mitigée…
Je crois que ce test est le plus impossible à conclure que j’ai pu écrire depuis que je teste pour vous du matos sur Android-France. Le Nexus S est un smartphone avec des défauts indéniables, gênants, exaspérants même et qui ne sont pas dignes de Google ni de la marque Nexus. Mais d’un autre côté, c’est clairement un des meilleurs smartphones qu’il m’ait été donné d’avoir entre les mains. Même avec ces défauts qui me mettent en colère contre Samsung par le simple fait d’y penser, le Nexus S offre à ce jour la meilleure expérience Android possible. Un écran magnifique, une fluidité et un confort d’utilisation inégalé : rien de révolutionnaire, mais honorant dignement le vieillissant Nexus One. Seulement voilà, le Nexus S est presque autant meilleur que moins bon que son aîné, si l’on considère les parties indépendamment du tout.
Franchement, je ne comprends pas ce qui est passé par la tête de Google : proposer un smartphone exceptionnel avec des “oublis” majeurs, comme s’ils allaient sortir la version avec diode l’année prochaine et parler d’une révolution alors que cela existait déjà avant. “Un smartphone exceptionnel avec des oublis majeurs”… tiens, ça me rappelle quelque chose… ah bah oui, Google a fait du Apple. A vous de méditer et de savoir si cela remplit ou vide le verre… pour ma part, j’y réfléchis encore. Pour l’heure je conseillerai ce smartphone à ceux qui entrent dans le monde d’Android comme LA nouvelle référence ou ceux qui viennent de gammes ou de générations inférieures au Nexus One / Desire.
Je ne sais même pas combien d’étoiles lui mettre… mieux qu’un Desire HD, c’est sûr… mais lui donner 4 étoiles alors que nous avions dit que nous allions revoir nos notes à la baisse serait injuste… alors…
Quelque part entre
et
selon vos priorités et vos attentes.
Je rappelle cependant que la notation est indicative, merci de ne pas troller à son sujet.
Un grand merci à Expansys France pour nous avoir prêté un modèle afin d’écrire ce test, puisque leur boutique propose déjà des Nexus S.
Galerie en vrac :