Un appendice est disponible, et non cela n’a rien de gore.
L’iDesire S : c’est une révolution, faut tout racheter !
Qui, parmi vous, ne connaît pas le Desire ? Ce smartphone, sorti il y a maintenant un an, a été le premier a démocratiser Android pour le grand public. Basé sur les technologies imposées par le Nexus One qui a joué son rôle de révolutionnaire discret, le HTC Desire avait tout pour séduire, et il a effectivement séduit, jusqu’à remporter 2 T3 Awards, meilleure marque technologique pour HTC et meilleur téléphone pour lui-même.
Le Desire S est le petit frère de ce smartphone plébiscité et a donc une tâche colossale qui s’impose à lui : faire aussi bien, sinon mieux, que son grand frère. D’ailleurs, le site de HTC annonce la couleur avec son slogan : “Le smartphone de l’année… en mieux”. Vraiment ? C’est ce que nous allons voir.
HTC : un retour aux sources bien maîtrisé au niveau de l’esthétique et des finitions.
Heureusement que HTC a pensé à un guide de démarrage en papier pour ouvrir le smartphone…
Très franchement, en terme de qualité des finitions, je maintiens que le Desire HD était une erreur de parcours – sur certains modèles, bouclier anti-cailloux. HTC a construit son image de marque sur la qualité irréprochables de ses smartphones haut de gamme, et ce nouveau Desire renoue avec ces impératifs. Comme vous pouvez le voir sur les photos, la partie accessible de la coque est très restreinte et plutôt difficile d’accès : tant mieux, c’est signe que tout est bien harmonisé.
Un cache se détache et la batterie est retenue par un système de clapet : solide, elle ne risquera pas de voler si le téléphone venait à glisser de vos mains. Vous savez, quand vous lâchez un téléphone, il y a irrémédiablement 3 parties distinctes au sol : la coque, la partie écran, et la batterie. Ici, je crois que cette situation est à peu près impossible.
“Je suis plus petit euh !” “Mais moi j’ai une bouleuh !”
Du fait des matériaux choisis (téflon principalement), le smartphone reste assez lourd et tient parfaitement en main, plaisante sensation de solidité et de fiabilité. Il est plus petit qu’un Desire et qu’un Nexus One, mais vraiment de très peu. Vous trouverez sur la partie avant une caméra pour prendre des photos de vous parce que vous vous aimez beaucoup, faire de la visio-conférence parce que vous aimez être espionné, ou utiliser l’application “miroir”, parce que la feuille de métal sous une plaque de verre, c’est so XIXe.
Qui n’a pas rêvé d’un miroir en 640×480 pour se contempler sous le moindre pixel ?
Contrairement à l’Incredible S, ses boutons tactiles ne bougent pas. C’était gadget, mais assez plaisant à voir. Tant pis. Du côté des ports, HTC n’a pas cherché bien loin, vous aurez le droit à un simple micro-usb et une prise jack pour les écouteurs : point de mini-HDMI. Comme sur l’Incredible S, le port USB a été déporté sur le côté. Si sur le gros smartphone, cela était dérangeant mais pas pénalisant pour un dock au vu de sa forme rectangulaire, là je pense que c’est mort, le Desire S n’est pas symétrique en mode paysage et encore moins plat… encore une fois, dommage.
Du HTC traditionnel… pour le meilleur, mais surtout pour le pire.
Ce Desire S est livré directement avec Gingerbread et Sense 2.1. Chouette ! Mais en fait non. Si l’interface de Sense est peu différente des smartphones déjà testés (Sense 3.0 ayant été révélé sur les caractéristiques leakées du Pyramid), elle recouvre les meilleures innovations de Gingerbread sans en tirer parti. Et ça, c’est mal.
Première chose : le clavier. Google a fait un effort considérable pour améliorer l’ergonomie des claviers sous Android, et le clavier de Gingerbread est pour moi exemplaire : les touches sont grosses et leur disposition est parfaite pour un utilisateur français : notez notamment la place de l’apostrophe et du point, accessibles directement. HTC, préfère la virgule, qui est accessible aussi simplement sur le clavier Android 2.3 en appuyant sur ?123, directement sous le pouce. En somme, sur le clavier HTC, il faut aimer les appuis longs…
Notez les espaces vides sur le clavier HTC…
HTC a jugé bon de laisser la touche “entrée” en dessous de la touche “effacer” : erreur, bien souvent, on appuie dessus et on enchaîne les bêtises en voulant aller vite. Même chose pour cette maudite touche en bas à gauche qui réduit le clavier sans prévenir, vous vous continuez à taper, pris dans votre élan lyrique, et vous vous retrouvez souvent sur le menu de suppression des sms, qui lui, tombe bien sous le pouce…
Mais les plus grosses erreurs ne sont pas celles-ci. L’Incredible S avait pallié l’absence de boule/trackpad physique en ajoutant sur son clavier des flèches directionnelles. Elles ne sont pas présentes sur le Desire S, rendant la navigation dans un message TRES pénible, pour être poli. A la place, il y a un système de loupe peu pratique et bien souvent le logiciel réagit bizarrement, ne sachant pas si on cherche à ajouter le mot au dictionnaire ou à nous positionner dessus, bref, c’est dommage, pour être poli bis.
Quelle magnifique innovation ! Mais attendez, vous avez mieux sur plusieurs autres de vos modèles, non ?
Vous en voulez plus ? Et bien Gingerbread a par exemple apporté un clavier multitouch sur les smartphones compatibles, pour faire comme sur un ordinateur : on laisse la touche MAJ appuyée et on tape notre texte en majuscule. HTC ne l’a pas reproduit : encore une innovation mise à la trappe. De même, plusieurs fois, après une fausse manipulation décrite plus haut, le clavier ne revenait pas : il m’a été nécessaire à chaque fois de quitter et relancer l’application sms ou Gmail pour le faire ressortir. On dirait qu’il manque quelques ajustements à ce Sense sous 2.3…
Si l’on continue dans les griefs, pourquoi ne pas avoir laissé l’extinction si caractéristique de cette nouvelle version ? Je sais, c’est un détail esthétique, mais dans la guerre des smartphones, tout compte. Une petite vidéo pour ceux qui ne verraient pas de quoi je parle :
[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=AIg6Q8uSgoc[/youtube]
J’ai précisé en titre “pour le meilleur”, car oui, Sense est toujours aussi pratique et fluide. Les mêmes éloges et les mêmes critiques faites à propos de la série Desire s’appliquent à ce Desire S. Mais qu’a-t-il en plus ? Peut-être n’avais-je pas remarqué ces fonctions avant, mais bon, dans tous les cas, c’est toujours bien de les rappeler. D’une part la barre de notification. Elle est désormais divisée en deux : une partie “réglages rapides” vient s’ajouter aux notifications traditionnelles. Très pratique.
D’autre part, le menu des applications est divisé en trois parties (Tout/Favoris/Téléchargées) et ne défile plus de manière continue, mais par tableau. J’ai fait une petite vidéo pour que vous compreniez :
[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=s5HOXSRvolA[/youtube]
C’est assez pratique en fait, parce qu’il est impossible d’aller trop vite et de passer directement du début de la liste à la fin de la liste alors que l’application qu’on cherchait était quelques lignes plus bas. Enfin bon, comme d’habitude sur Android, vous pourrez mettre vos applications fétiches en raccourci sur les bureaux et vous serez alors très peu amenés à utiliser le lanceur d’application.
Bonne idée : masquer la barre de notification. Meilleure idée : faire un écran plus grand.
Enfin, les applications nécessaires à la survie sur Android sont directement préchargées, pour faciliter l’usage de l’utilisateur débutant : Quick Office, une radio FM, un Point d’accès Wi-Fi facilement configurable, un lecteur d’e-books, plusieurs outils de recherche (dans les contacts par exemple), les applications sociales traditionnelles et le fameux “Transfert” qui vous permettra de transférer une grande partie des paramètres de votre téléphone si vous venez du monde des téléphones simples.
Bonne idée : une diode paramétrable. Meilleure idée : pourquoi ne pas laisser le choix de la couleur, comme sur Cyanogen ?
Vous retrouverez également toute la série de Widget bouffe-batterie de HTC, qui mériteraient depuis le temps un coup de lifting : les liens non cliquables dans l’application Twitter qui font apparaître leur cible dans un navigateur intégré, c’est insupportable. Puis impossible de les copier facilement, il faudra les sélectionner avec cette P***** DE LOUPE ET CES FLECHES TROP PETITES ET LES COPIER DANS… je me calme, je me calme.
A deux doigts d’une bonne idée : il aurait simplement fallu ajouter un “copier le lien” dans le menu contextuel…
Pour ce qui est de la batterie, puisqu’elle a été évoquée, son chargement est plutôt lent mais son déchargement l’est également : encore heureux qu’un smartphone à la technique de l’année dernière disposant d’une batterie moderne soit plus résistant. Disons qu’en utilisation quotidienne (sms, twitter, mails, push sur les applications, widgets, foursquare, un peu de GPS), à 100% sur les coups de 9h, il vous restera un bon 40% à 22h. J’imagine qu’il est donc possible de l’utiliser 2 jours sans le recharger.
PS : si notre lecteur qui est en train de coder une application objective pour mesurer la batterie voulait bien m’envoyer un petit mail, ça serait cool – julien at android tiret france point fr.
Bon, mais alors, qu’est-ce qu’il vaut ce Desire S ?
Vous voulez ma réponse brute et trollesque ? Rien. Ahah, je vous ai eu hein ! Tout le début du test était plutôt satisfaisant, un bon smartphone HTC avec des petits défauts software facilement réparables, et là, comme une guillotine sur la tête d’un pirate virtuel, le jugement tombe, couperet fatal, destruction de vos plus beaux espoirs ! Non, je vais être clément, je vais m’expliquer quand même.
Vous étiez prévenus, la question est déjà posée dans l’incipit de ce test après tout : est-ce que ce Desire S est une évolution du Desire digne d’être achetée ? Et bien pour l’évolution, je dirais “mouais”, pour l’achat, je dirais “non”.
Regardez le Nexus One, un sourire moqueur se dessine sur ses lèvres, oui, là, entre la boule et les touches…
D’abord, le côté “oui”. Qu’est-ce que vous trouverez en plus, si vous passez d’un Desire à un Desire S ? Un véritable écran tactile multi-touch, une caméra frontale et un appareil photo de 5 mégapixels prenant des vidéos pourries en 720p. C’est tout. Pour le coup, HTC joue les Apple…
… mais se plante. Bah oui, parce que Apple, quand ils ajoutent une caméra et qu’ils arrivent à faire racheter à leurs clients le même téléphone, ils ont le bon goût de ne rien enlever à ce qui faisait l’excellence du modèle précédent. Avec ce Desire S, vous perdez le trackpad. HTC a construit sa réputation sur ces fonctions fort utiles : trackpad et boules étaient des marques de fabrique de la firme. Sur l’Incredible S, le défaut était comblé par une interface repensée, ajoutant des flèches virtuelles sur un écran plus grand.
Ici, rien, pas de flèche virtuelle et pas de boule non plus. Pas d’écran plus grand non plus, au passage. Du coup, changer un Desire pour un Desire S est une hérésie ! Et acheter un Desire S n’a donc pas de sens en 2011 : la concurrence fait des smartphones plus puissants et plus grands et même HTC propose un excellent smartphone qui dépasse en tout point ce frère maudit du Desire, l’Incredible S. Je comprends pas comment le chef de produit n’a pas pu arriver à ce constat : vous trouverez des smartphones meilleurs sur absolument tous les arguments de ce Desire S, même chez HTC.
Si vous prenez en photo avec l’appareil photo frontal votre appareil photo qui prend en photo la fonction photo frontale, vous créez une allitération en “f”, une anomalie et un trou noir. Attention.
Tenez, vous vous souvenez comme j’avais été impressionné par la réactivité de l’Incredible S vis-à-vis de sa connectivité, que ce soit en terme de réseau mobile, data, bluetooth ou Wi-fi ? A croire que l’évolution est passée outre ce Desire S qui n’a rien d’aussi flagrant. On est dans la norme, mais il ne fait pas mieux qu’un Nexus One ou qu’un Desire.
Du coup, à part saturer le marché, je ne vois pas du tout à quoi sert ce smartphone. Déjà, sortir du 3,7 pouces dans cette gamme est à mon sens dépassé, alors du 3,7 pouces qui perd des fonctionnalités de la génération précédente et qui n’a pas celle de la suivante (dual-core, NFC et autre), franchement, je vois pas. Surtout qu’hier a filtré un HTC Pyramid pour Mai chez SFR, fleuron haut de gamme de la marque.
Alors revenons sur ces soi-disant plus apportés par ce modèle “S”. D’abord, un véritable écran multi-touch. Ouais, c’est cool, mais tout le monde le fait (même vous, HTC), depuis l’été dernier. Alors oui, ça réagit bien, les pages web se lisent confortablement, surtout par la mise en plein écran du navigateur, mais bon, ce n’est pas du tout une killer feature, et les utilisateurs du Desire original ne l’envieront pas. Surtout que, on va me dire que c’est encore mon modèle qui a un problème, mais la touche “espace” en paysage a tendance à ne pas réagir, je n’ai jamais eu autant de mots collés ensemble dans mes mails et sms que sur ce Desire S.
Paradoxe : je critique le smartphone, et je vous montre en photo ses fonctions cools. Je suis machiavélique.
Ensuite, des “souvenirs en HD”. Je ne veux pas m’avancer trop loin puisque je ne suis pas un expert en photographie, mais j’ai trouvé les clichés du Desire S bien en deça de ceux pris par l’Incredible S. La vidéo en 720p, pourquoi pas, la qualité d’image est bonne… mais ce son ! Franchement, regardez la vidéo prise avec, juste en dessous et croyez moi sur parole : je n’habite pas au dessus d’un circuit de F1. C’est comme cela que le smartphone a enregistré l’ambiance urbaine, un son complètement déformé, étouffé parfois, bref, ce n’est clairement pas bon.
[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=IkIuRj6wscI[/youtube]
Et puis l’image, bonne certes, si l’on ne bouge pas d’un poil… regardez-moi l’adaptation aux changements de luminosité : j’ai fait exprès de prendre plusieurs éléments différemment exposés, et l’image change de façon si abrupte qu’on dirait que l’éclairage a été réglé au montage par un mauvais stagiaire débutant, ce que je ne prétends même pas être, gage de l’authenticité de cette vidéo.
Si vous vendez un smartphone qui ne change quasiment rien à sa version précédente au niveau hardware tout en perdant des fonctionnalités et que vous le vendez comme un renouveau du multimédia, autant faire en sorte que cette partie soit irréprochable, que le testeur que je suis puisse au moins le conseiller aux férus de photographie mobile… mais même pas. Exemples :
Dans le magasin, ces chaussures étaient kaki.
Vous la faites ? Moi je n’y arrive plus.
Sugar Daddy
HTC invente : le flash qui rend la photo floue
L’autofocus est parti se balader en fait, je ne vois que ça
Au bout de la 6e tentative, flash + autofocus ! It’s a win !
En conclusion, que dire de ce Desire S ? Les voix de HTC sont impénétrables. A mon sens, c’est un smartphone qui n’aurait jamais dû exister. Voici la liste des défauts, pour ceux qui veulent aller vite :
- Sense qui ne prend pas en compte les innovations d’Android 2.3 : clavier peu ergonomique en tête, détails esthétiques ensuite.
- Un smartphone quasiment similaire à son grand frère sorti un an plus tôt : pas de dual-core, pas d’écran plus grand, pas de NFC, pas d’HDMI, pas de “killer-feature”.
- Un écran 3,7 pouces : c’était bien quand on ne savait pas faire mieux, mais incomparable au niveau du confort avec un écran entre 4 et 4,3 pouces.
- Une interface Sense classique sans réel ajout (bah oui, si au moins ils avaient fait de ce Desire S l’étendard de Sense 3…).
- Perte du trackpad/trackball physique… compensée par rien au niveau logiciel : incompréhensible.
- Une partie multimédia pas révolutionnaire, moins bonne que sur l’Incredible S.
Et les avantages ? Simple, c’est un téléphone HTC. Vous aurez la qualité, les finitions, la fluidité de l’interface, l’ergonomie du tout, bref, c’est “malheureusement” un excellent smartphone. Il n’a juste aucune place sur le marché en avril 2011, autant face à la concurrence que face aux autres modèles de la marque, Incredible S aujourd’hui, Pyramid et Evo 3D demain.
Du coup, je ne peux conseiller à personne de l’acheter. Si vous voulez du HTC, maintenant, tout de suite, achetez un Incredible S qui aurait pu être, en fin de compte, un véritable Desire 2. Sinon, attendez la relève. J’irai même jusqu’à vous conseiller un Desire premier du nom, trouvable facilement en occas’ dans les 150€.
Injuste ? Non, on est en 2011, et un tel smartphone ne peut pas se pointer comme ça, jouer sur le succès de son grand frère et avancer des arguments marketings à moitié respectés.
Je remercie de nouveau Expansys qui m’a prêté ce smartphone dès sa disponibilité dans leurs rayons. Ils prennent des risques en tant que vendeur de se confronter à ce genre de test et c’est tout à leur honneur. Si vous êtes quand même tenté par ce smartphone, il est évidemment disponible dans leur boutique. Le code FREESP530 vous permettra d’avoir un écran protecteur gratuit pour votre smartphone.
L’Incredible S est toujours disponible chez Expansys, si vous hésitez, lisez également notre test.
Desire S : Les caractéristiques complètes.
Galerie en vrac :