Si vous avez lu le test de l’Optimus Profondeur Floue, vous vous attendez sûrement à un torrent de haine à l’égard de ce smartphone “3D” by HTC. Si vous avez lu le test du HTC Sensation, vous avez armé vos lance-grenades de fanboy : vous savez que je n’ai pas apprécié le nouveau Sense et ses lenteurs horripilantes, pas plus que les promesses manquées du précédent smartphone de HTC.
Moi aussi je peux faire des photos floues ! Euh, en 3D, pardon…
Rangez vos armes compagnons ! On l’a souvent dit sur Android-France : quand nous condamnons plus ou moins un smartphone, nous ne condamnons pas une marque, ni une gamme entière, encore moins une fonctionnalité (quoique, avec la 3D, ça se discute…). Nous essayons simplement de vous prévenir avant l’achat : c’est pour ça que nous pointons plus volontiers les défauts des smartphones que leurs qualités. Après tout, vous savez pourquoi vous achèterez un smartphone, vous ne savez pas pourquoi vous pourriez ne plus vouloir l’acheter.
Examinons.
La qualité sous un nouvel angle
Quand on commence un test d’un produit HTC, il est commun de commencer par encenser leurs belles finitions, leur design à part, leurs smartphones lourds et qui semblent robustes : celui-ci n’échappe pas à la règle. Si on regarde l’histoire des design européens depuis la sortie d’Android, il y a eu 3 courants : celui des smartphones à boules (type Nexus One), celui des smartphones sans boules mais qui ressemblent aux smartphones à boules (type Desire S, Wildfire S) et celui des smartphones “sombres”.
La forme même le suggère : HTC invente le smartphone horizontal
Ces derniers sont souvent des modèles importés, d’autres contrées ou d’autres OS : on a le Desire HD inspiré de l’HD2, l’Incredible S et désormais l’Evo 3D, successeurs de smartphones réservés au marché outre-atlantique.
Du coup, le changement fait plaisir, surtout que HTC a fait les choses d’une main de maître. La texture est assez étrange mais très plaisante, on dirait du teflon semi-rigide (ou semi-mou), avec une sorte de “grip” sur l’arrière. L’ensemble est agréable et on est face à du grand HTC : les finitions sont parfaites, aucun bout de plastique ne dépasse, pas de “cache” amovible pour insérer la carte SIM ou autres imperfections. C’est du lourd et du solide.
Bel effet de contraste : le summum de l’inutile à côté de la bonne idée
D’ailleurs, accéder à la batterie/SIM passe par un processus assez déroutant : il faut enlever entièrement le capot arrière, laissant le smartphone aussi nu que C3PO dans le premier épisode de l’hexalogie. Il faudra forcer ; d’un côté, ça fait flipper, mais de l’autre, ça permet de tester la résistance de cet alliage et surtout, de s’apercevoir qu’il ne se séparera pas en 4 quand par malheur, vous le lâcherez sur le sol.
Ces boutons cerclés ont des faux airs de Metro, vous ne trouvez pas ? Je trouve ça très classe.
Que trouve-t-on sur ce bel emballage ? D’abord, un port micro-USB/MHL maintenant traditionnel, le bouton power, un jack-in et les deux boutons de réglage du volume. Pas de quoi sauter au plafond et même si le MHL est malheureusement un format (et non pas un standard…) d’avenir, on regrette l’absence de sortie HDMI sur un tel produit.
Plus intriguant – et dans le bon sens du terme : le côté droit de l’appareil. On trouve un switch 2D/3D qui, je trouve, prend beaucoup de place pour rien, mais surtout, un bouton de déclenchement pour l’appareil photo. C’est une très bonne idée, parce que cela faisait longtemps qu’on ne voyait plus un constructeur ajouter ce petit détail à son smartphone. D’apparence, on a donc un objet pensé pour une utilisation “capture d’image”.
L’habit ne fait pas le moine : à la recherche d’une cohérence.
Je vais faire une entorse à mon plan traditionnel (si si, relisez les précédents tests, il y en a un, même s’il est bien caché) et vous parler tout de suite du multimédia, puisque c’est apparemment le principal intérêt de ce smartphone haut de gamme.
Même l’interface de l’appareil n’a pas la mention 3D… les voies impénétrables du marketing
Mon avis sur la 3D, vous le connaissez, mais nous y reviendrons. Non, regardons d’abord ce que la coque semblait suggérer, que ce smartphone serait le compagnon idéal du photographe occasionnel, voulant s’affranchir d’un compact tout en faisant des photos d’une qualité décente.
Mais alors, qu’est-il passé encore par la tête des ingénieurs de HTC ? En suivant leur raisonnement, en trouvant un smartphone qui n’a de 3D que dans ses fonctions de capture d’images (fixes ou mouvantes) et qui semble être prêt à remplacer le compact dans la poche, on s’attend à ce qu’ils aient mis le paquet sur les capteurs, le software, les flashs, bref, qu’il y ait un véritable clou enfoncé dans la gorge des autres constructeurs de ce côté là.
L’immonde galerie HTC. Nous y reviendrons.
Mais ce n’est pas le cas. Devons-nous blâmer la 3D ? Peut-être, en tout cas, le double capteur de 5 mpx n’est pas aussi bien que celui d’un Sensation ou d’un Galaxy S II. C’est un pas en arrière pour un smartphone a priori mieux équipé. D’où la question de mon titre : quelle cohérence ? Exemples non compressés, cliquez dessus pour la taille originale.
Evidemment, ce n’est pas retouché. On a vu plus pimpantes comme couleurs…
Non, le ciel n’était pas violet
Voilà les problèmes de l’auto-focus : trop rapide, il fait beaucoup trop d’erreur…
Ce smartphone s’en sort très bien pour prendre du violet en photo par contre : pensez-y !
Avec un peu d’acharnement, on peut prendre de jolies choses…
Les mégapixels ne sont pas qu’un chiffre sans signification : à l’usage, il faut reconnaître que l’Evo 3D prend des photos un poil au-dessous de ses confrères haut de gamme. Le capteur n’est pas mauvais, simplement moins bon alors qu’il aurait dû être meilleur. On regrette aussi la mise au point parfois complètement hasardeuse alors que le bouton physique de capture reproduit la double pression des appareils photos.
Alors oui, en qualité maximale, vous aurez des photos qui oscillent entre 600 ko et 1,5mo à 5mpx. Imaginez donc le taux de compression appliqué, en sus de tout ce qui a été dit sur ces choix étranges. Bref, gardez quand même à l’esprit que ce n’est pas mauvais, les photos et vidéos sont même très correctes, mais on s’attendait à mieux. Je ne mettrai pas l’appareil dans les points négatifs, j’aurais aimé le mettre dans les points positifs.
Ceci est une capture d’écran en 2D d’une photo en 3D… louchez… et BIM 3D AGAIN !
Et en 3D alors ? En 3D, que voulez-vous que je vous dise ? Mes reproches sont toujours les mêmes : la 3D autostéréoscopique n’est qu’un gadget inutile et ne devrait même pas être appelée “3D” tant l’effet s’approche plus de la “profondeur”. Profondeur qui, comme souvent, devient floue si vous relâchez votre concentration ou que vous changez d’un degré votre angle de vue.
En plus, le launcher Sense vous permet de dégainer l’appli’ photo en un rien de temps…
Comme lors du test de l’Optimus 3D, j’ai fait tourner le téléphone dans mon cercle d’amis, en choisissant cette fois d’autres cobayes pour ce nouveau smartphone : la 2D fait encore, de loin, l’unanimité. Ils ont reproché à la 3D de faire mal aux yeux, à la tête et de ne rien apporter de “WAW” comme on pourrait s’y attendre. Non, sur un écran de 4,3 pouces, vos films ne “sortent pas”, vos photos ne sont pas des hologrammes et si vous n’avez pas d’écran 3D (avec lunettes), vous ne pourrez bien sûr pas les regarder.
HTC : Amen.
Cela dit, contrairement à l’Optimus 3D, HTC a fait de cette fonction une anecdote. Si vous avez lu les autres tests sur la toile, le testeur reproche souvent à HTC de ne pas être allé assez loin, de ne pas avoir proposé de “hub” ou d’applications 3D, d’avoir cantonné la fonction à la capture d’images. Moi, je les remercie, je les bénis même.
La météo Sense vint aux hommes et ils furent heureux quel que fut le temps qu’il fît
En fait, HTC a très bien compris que la 3D devait rester où elle avait (peut-être…) une place : dans les films ou, dans une moindre mesure, les photographies. Une interface 3D, c’est moche, ça pompe de la batterie et ça n’apporte rien. Les jeux en 3D sur Android, à part Gameloft, à peu près personne n’en fait et ceux qui existent sont souvent plus agréables en 2D. Du coup, la 3D se limite au nom du smartphone et à une fonction de l’appareil photo.
Du coup, je regrette presque qu’elle ait été implantée : peut-être que sans, HTC aurait choisi un excellent capteur pour son smartphone et on aurait eu un véritable “photo-phone” haut de gamme tournant sous Android. Quand je vous dis que ça n’apporte que des déconvenues cette technologie…
Le fameux Overview ©, toujours repris, jamais égalé
Mais venons-en alors au coeur du smartphone : l’interface Sense. Si vous ne connaissez pas l’interface, je vous invite à relire le test du HTC Sensation qui tente plus ou moins d’entrer dans les détails de cette nouvelle mouture. En le lisant, vous tomberez évidemment sur un ton critique qui a permis de poser une question essentielle : doit-on retester un smartphone (ou tout matériel) après un patch ou une mise-à-jour ?
Le HTC Sensation que j’avais, et tous les modèles que j’avais pu prendre en mains, présentaient la même lenteur dans les menus. Il fallait se rendre à l’évidence, la dure évidence pour moi : Sense était devenu une usine à gaz et avait perdu au passage son extrême fluidité. Sony Ericsson et Samsung étaient montés dans le haut de gamme du software, HTC avait quitté son trône.
On a toujours les mêmes livres (en anglais, of course), mais pour une fois, le lecteur se démarque et se révèle très plaisant
Mais voilà, apparemment, ce n’était qu’une question de temps et les mises-à-jour proposées par la firme ont corrigé ce défaut. Toujours est-il que le smartphone tel qu’il était vendu à l’époque arrivait lent et poussif : c’est celui que je testais.
Du côté de l’Evo 3D, je ne peux que constater l’inverse : HTC a corrigé le tir. Le modèle testé a été prêté par Expansys dès sa sortie et est donc le modèle nu trouvé dans le commerce. Dès l’allumage, le smartphone est déconcertant de rapidité. Du coup, si vous lisez le test du Sensation, imaginez que toutes les fonctionnalités restent les mêmes, mais là où je notais des défauts, trouvez-y des qualités.
Ce SMS profond me permettra d’illustrer les applications et widgets de HTC sans divulguer d’informations confidentielles. Merci Axel.
Que dire de cette interface ? Lovers are gonna love, haters are gonna hate. C’est du Sense, des tas d’informations à l’écran, des widgets lourds, des applications tierces qui vont de l’anecdotique (miroir…) à l’indispensable (lampe de poche) en passant par le très travaillé (la météoooo).
Du côté des points positifs, les raccourcis sur le lock screen sont une très bonne idée, faisant de cette partie d’Android sous-exploitée un véritable plus de l’interface by HTC. De même, les contacts, les SMS ou le gestionnaire de tâches avancé sont autant d’éléments sublimés par rapport à la version nue d’Android. On regrettera que HTC n’ait pas développé plus d’applications “lourdes” pour sa nouvelle gamme, comme l’a fait Samsung pour son GS II.
Widgets lourds, mais widgets fonctionnels ET scrollables directement sur l’écran
Globalement, on retrouve les mêmes applications que l’on trouvait déjà sur les téléphones single-core. Certaines, comme la fameuse météo qui peut devenir un des plus beaux fonds d’écran animés jamais créé ont subi un lifting impressionnant. Si tout cela était, je trouve, gâché par une mauvaise expérience utilisateur sur le Sensation, ce n’est pas du tout le cas sur cet Evo.
Mais bon, puisqu’on est sur Android-France, ne cachons pas trois déceptions. D’abord la galerie. Je ne sais pas pourquoi HTC n’a pas choisi de conserver la Galerie officielle, ou du moins de proposer un remodelage parfait, mais cette galerie maison est tout sauf ergonomique, le partage de plusieurs photos n’est pas aisé et globalement, on perd des fonctionnalités alors qu’une surcouche est censée en apporter.
La petite croix à droite pour fermer une application, ça devrait être de série sur Android…
Deuxième déception, le lecteur vidéo. Comme tous les smartphones GS II excepté, l’Evo 3D ne passe pas le test le plus objectif et professionnel de la terre : le benchmark du lapin. Le high-profile a beaucoup de mal à être lu et n’est pas reconnu par le lecteur par défaut. C’est dommage, parce que le processeur de Qualcomm n’a pas, a priori, les lacunes du Tegra 2 de nVidia : HTC aurait pu faire un effort du côté des codecs.
En screenshot, ça passe très bien…
Troisième déception enfin : certains HTC-fans ont souvent évoqué la “révolution” du scroll infini du bureau. Ouais, bah personnellement, je trouve ça plutôt casse-balls-of-steel. C’est très sensible, et si vous allez un peu trop vite pour changer de bureau, l’interface fait faire au carrousel un tour complet et vous ramène au bureau où vous étiez. Waw, trop pratique.
Bref, malgré ces quelques défauts, je suis plutôt impressionné par ce revirement de situation après une gamme “S” grand public très légère et un Sensation qui m’avait déçu : HTC est revenu à ses standards en matière de software et il était grand temps, à mon sens, que le constructeur propose un téléphone haut de gamme sans compromis.
Quand vous téléchargez une vidéo “high profile” et que vous tombez sur ce logo, vous pouvez commencer à crier au “HD Bullshit ©”
Autre remarque qui en intéressera plus d’un : même avec tous les services en tâche de fond et une utilisation quotidienne normale d’un smartphone, la batterie a été domptée. J’ai pu tenir 2 jours sans problème et tout un week-end seulement en Wi-Fi. Je sais que dire “normale” à propos de l’utilisation n’est pas une valeur objective et que nous avons tous nos normes, mais promis, dans les tests suivants, j’utiliserai l’outil proposé par un lecteur, Battery Benchmark.
[androidapp=25]En conclusion, on peut dire que ce smartphone signe, à mon sens, le véritable retour de HTC dans le haut de gamme, sans compromis, sans bavure de jeunesse, sans nécessité de refaire un test après un mois de patch, bref, un produit fini dès sa sortie d’usine. Le design change, certains regretteront les lignes HTC, mais il faut reconnaître que cet Evo 3D est bien l’aboutissement technique de la gamme 2011 du constructeur.
Pourtant, après l’annonce d’une version “améliorée” du HTC Sensation, on peut se demander si HTC ne fait pas trop dans la surenchère : un modèle très haut de gamme tous les mois qui corrige les défauts du précédent, n’est-ce pas un peu noyer le marché pour pas grand chose ? Si ce Sensation Beats By Dre hérite des avancées software de l’Evo 3D et de l’appareil photo du Sensation, on aurait le véritable fer de lance de la gamme 2011 de HTC. Ce qui est dommage, c’est qu’on croit avoir dit ça à chaque test, malgré les défauts des smartphones, et que HTC s’empresse de nous contredire en sortant un modèle légèrement supérieur.
Quoi qu’il en soit, si vous voulez un complément 3D pas trop envahissant et limité aux fonctions de capture, un smartphone haut de gamme sous Android et que vous êtes amoureux de Sense, vous pouvez acheter cet Evo 3D les yeux fermés. En attendant que la fièvre autostéréoscopique se calme chez les constructeurs, il est, avec le GS II, ce qui se fait de mieux aujourd’hui.
J’ai aimé
- Les finitions globales, l’originalité du design
- La diode, j’ai tendance à baisser mes exigences ces derniers temps, mais ça, ça fait toujours plaisir
- La nouvelle version de Sense, enfin optimisée et débuggée
- L’impression de retrouver le HTC de la grande époque, proposant de l’excellent matériel haut de gamme
- La 3D reléguée au rang de gadget inutile
- Ne rien avoir prévu comme software “en 3D”
Pour ça par contre, j’ai failli me scalper à mains nues :
- Bah du coup, pourquoi avoir fait un Evo 3D et pas un Evo Photo ?
- L’appareil photo, en dessous du haut de gamme actuel, alors que le smartphone avait l’air pensé pour l’usage
- Je ne comprends plus la stratégie haut de gamme de HTC
- La galerie et le lecteur vidéo : quand vous faites des applications, faites les mieux que celles de Google
- Le service de VOD : quelle blague niveau contenu…
Les caractéristiques complètes
Nous remercions Expansys pour le prêt de ce smartphone. Retrouvez le HTC Evo 3D dans leur boutique pour 539€.
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