“Mieux vaut un Zero allumé qu’un One éteint” – Proverbe binaire
Disclaimer : le matériel testé s’y prêtant, il y aura des chiffres dans ce test. Et des mots compliqués comme “benchmark” ou “ROM”. Et sûrement quelques digressions. Vous êtes prévenus.
Geeksphone, vous connaissez ? Non ? Vous devriez pourtant. Geeksphone est un constructeur espagnol qui propose des smartphones entrée/milieu de gamme qui n’ont qu’un but, qu’une fin, qu’un espoir : respecter la philosophie derrière Android.
Au MWC, il y avait 2 smartphones sous 2.3. Le Nexus S tout juste sorti… et le Geeksphone Zero
Quelle philosophie ? Celle de la liberté de choix et de l’ouverture. Celle qui était là au début, qui affichait de belles promesses, qui a converti quelques linuxiens et amoureux du libre au smartphone dans un monde dirigé par Apple. Aujourd’hui, ces belles promesses sont d’amers souvenirs : de plus en plus, les smartphones sont verrouillés et les derniers constructeurs qui respectaient encore un peu les principes androidiens (HTC, si tu m’entends…) tombent du côté de l’abus de sécurité.
Mais en plus, il y a derrière Geeksphone une communauté de passionnés un brin idéalistes (mais c’est tellement mieux) qui n’hésiteront pas à vous aider à prendre en main votre machine et à vous accompagner dans le monde de la bidouille Androidienne. Et ça, ça vaut tous les SAV du monde.
Alors ce Geeksphone, est-il le porte-étendard par excellence des Androidiens puristes ? Réponse dans les paragraphes qui suivent.
Prochaine étape : livrer un smartphone sans système d’exploitation. GEEKS LIKE IT HARDCORE DON’T THEY ?
Geeskphone, pour les geeks, par les geeks ?
Avec un nom pareil, difficile de toucher une cîble grand public, n’est-ce pas ? S’appeler Samsung, LG ou HTC rassure. Geeksphone… c’est moins encourageant. Sauf pour les geeks, évidemment. D’ailleurs qui sont les Androgeeks ? A l’heure ou un ROM Manager vous permet de changer de ROM en quelques clics à condition que votre smartphone soit rooté, est-on vraiment encore plus geeks sur Android ?
Sûrement ceux d’entre vous qui vérifient via le debugger du SDK que les applications qu’ils installent n’exploitent QUE les autorisations affichées. Ou encore, ceux qui ne supportent pas plus d’une minute un Android nu ou surcouché et installent Cyanogen partout où ils le peuvent.
En verlan, ça fait Orez. Et ça ne veut rien dire.
Bref, je sais que certains se reconnaîtront. Mais qu’est-ce que le Geeksphone pourra leur apporter ? C’est toute la question, chers lecteurs qui lisez l’hexadécimal et parlez wookie.
D’abord, un smartphone entièrement ouvert, rooté, au bootloader déverrouillé et avec Cyanogen préinstallé. Avec ce premier tableau, vous pouvez vous faire une idée de la bête niveau software : c’est à vous d’en faire ce que vous voulez. Et il y a plutôt intérêt à savoir se débrouiller un minimum.
C’est parti, ça c’est de l’unboxing, 2 minutes d’utilisation et on flash déjà le recovery
Au premier allumage de la bête, on s’aperçoit de deux choses, l’une réjouit, l’autre pas vraiment. La première, c’est de retrouver un Cyanogen très fluide par défaut qui n’attend plus qu’une mise-à-jour vers sa version 7, puisque la 6 est installée. La deuxième, c’est l’absence de carte SD dans le package : si vous n’en avez pas, il vous faudra en acheter une avant de pouvoir installer une ROM via ROM Manager, par exemple. Même pour un lowcost, on aurait aimé avoir au moins 2Go pour commencer à utiliser le smartphone tout de suite.
Surtout qu’on s’aperçoit très vite qu’il manque quelque chose d’essentiel : les Google Apps ! Comme la ROM, il faudra les flasher sur votre smartphone. Encore une fois, sans carte µSD, ROM Manager boude. Si vous êtes un brin parano et que vous n’utilisez pas Gmail, vous pourrez laisser votre smartphone comme cela, mais dans ce cas, Android perd beaucoup de son intérêt.
Du plaisir de pouvoir ne PAS installer Facebook
La première chose que beaucoup d’entre vous feront en allumant le Geeksphone Zero et après y avoir ajouté une carte SD, ce sera d’ouvrir ROM Manager (attention, ceci est un tuto’ déguisé), de flasher Clockwork Recovery en lui donnant les autorisations roots quand il le demande (automatique) et d’aller dans la section “Download ROM” (qui n’a rien à voir avec les pays de l’Est ni le métro parisien) pour télécharger, au hasard la dernière Cyanogen. Et les Google Apps.
Ou alors, si comme moi vous avez quelques erreurs lors du téléchargement de la ROM, je vous invite à tout télécharger depuis ici, à copier ça sur votre carte SD et installer directement le tout via ROM Manager.
Voilà, quand c’est fait, vous avez à peu près ce qui se fait de mieux en terme d’Android nu installé sur votre Geeksphone. Ensuite, libre à vous (et surtout à moi, vous commencez à voir que j’y suis attaché) d’installer Launcher Pro pour remplacer ADW.Ex. Mais pas Go Launcher, Go Launcher rame. Non vraiment. Il est bien moins fluide que les deux premiers, malgré tout le bien que j’en entends.
Voilà à quoi ça peut ressembler une fois passé à la machine à updater (après avoir démonté un autre smartphone pour lui voler sa SD)
En termes d’applications pré-installées, vous retrouverez tout ce que propose Cyanogen Mod : Documents to Go, K-9 Mail, OI File Manager (préférez-lui Adao, bien plus classe, bisou Biana), OI Notepad, ROM Manager évidemment, Superuser, Task Manager, une Radio FM et WhatsApp. Le passage à CM7 est une bénédiction puisque le Geeksphone Zero sera dès lors bien plus véloce pour toutes les tâches basiques.
Une fois les applications Google installées, le smartphone se comportera comme un smartphone sous 2.3.3 banal (et puissant), avec tout ce que ça implique : synchronisation, push mail, restauration des applications etc. Avec en plus les plaisirs du root et de ses nombreux avantages, la possibilité de prendre des screenshots par exemple.
Alors en vrai, il vaut quoi ?
Je lui ai fait passer 2 benchmarks officiels et un benchmark maison (Est-ce-que-Angry-Birds-tourne-?©). Vu la petitesse de l’écran et de la résolution, le Geeksphone est un peu cheaté sur les résultats, mais ceux-ci sont tout de même intéressants :
Le benchmark permet surtout de se rendre compte à quel point 2.2 à fait faire un bon en avant aux smartphones
Vomi benchmark ©
Discussion avec Monsieur Max qui m’a conseillé ce benchmark : “voilà les chiffres ! Alors, ça te parle ?” “Non.” “Ah.”
Pour ce qui est du benchmark Angry Birds : c’est bon, ça tourne, vous pouvez l’acheter. Petite note sur l’allumage du smartphone : en quelques secondes, vous passez de l’état éteint à l’état allumé. Comparé à un Nexus One qui met bien une minute à démarrer, c’est assez déroutant.
Mais le tableau n’est pas tout rose niveau software. En terme de confort général d’utilisation, je le mettrai un tout petit peu en dessous d’un Nexus One pour plusieurs raisons.
D’abord, la connectivité, aux deux sens du terme. On a l’impression de retourner à la préhistoire des ports avec du mini USB, avantageusement remplacé depuis maintenant un an par du micro-USB. C’est tout bête, mais chez moi, il n’y a quasiment plus aucun câble Mini USB, ce qui fait que je suis obligé d’avoir le câble fourni sous la main, ce qui est loin d’être toujours le cas.
Attention, amazing : glace déformante intégrée !
Deuxième sens du terme : la connectivité virtuelle. L’accroche réseau est très bonne, rien à redire là-dessus. Mais on ne peut pas en dire autant du Wifi : sur tous mes smartphones, quand je laisse le Wi-Fi activé, que je vais hors de portée et que je reviens, le réseau revient automatiquement. Sur le Geeksphone Zero, il faudra désactiver et réactiver le Wi-Fi pour qu’il refasse la recherche. Un peu dommage.
Ensuite, les crashs. Vous allez me dire, vous êtes geeks, ça ne vous fait pas peur. Moi non plus, après tout, vu qu’il suffit d’un redémarrage pour s’en sortir. Mais je l’ai quand même vu crasher sur tout et n’importe quoi : appels, Maps, connexion au Wi-fi… bref, on est sur CM7, du coup, des processus de la version originale sont absents. Peut-être que la version disponible pour Geeksphone Zero au jour d’aujourd’hui est-elle encore en débug ? Peut-être…
Comme c’est cool de pouvoir faire des screenshots, je vous ai fait un screenshot de l’interface pour prendre des screenshots. De rien.
Toujours est-il que ça nuit un petit peu à l’expérience utilisateur “lambda”, qui n’est certes pas la cible (quoique… lire la conclusion), mais vu le format du smartphone, une fois bien customisé, je l’aurais bien donné à un ou une non-geek n’appréciant pas les écrans démesurés.
Et le reste ?
Si vous parlez du multimédia, je ne vois pas ce que vous pourriez bien vouloir faire sur 3,2 pouces. Alors oui, Youtube fonctionne, mais vous comptiez vraiment sur 3,2 pouces pour vous donner votre fixe de Pomf et Thud ? Si vous y tenez, achetez une tablette en complément, vous aurez bien plus de confort. Non, ce smartphone n’est pas fait pour épater la galerie. En parlant de galerie, ce sera celle d’Android : rapide, belle et très fonctionnelle.
Pourtant, au niveau de l’appareil photo, c’est pas si mal. Le capteur de 5 mégapixel s’en sort même plutôt bien, je vous laisse juger :
Sachez que je suis un boulet, et que ces photos ont été prises avec la protection plastoque non retirée
Je vais demander à la mairie du XIIIe d’ajouter des feuilles sur les arbres, c’est pas joli là
Franchement, pas dégueu pour un appareil photo d’appoint : en plein jour, vous pourrez faire une mise au point correcte
Y’en a un qui fait la gueule à côté : avec tous ces smartphones à tester, il fait réveil de bureau depuis 3 semaines
Pour ce qui est des finitions, l’extérieur est pas mauvais pour du plastique, l’intérieur laisse un peu plus à désirer : l’attache pour la microSD notamment (encore elle) est pas super bien pensée. Plusieurs fois, elle a dû bouger de quelques millimètres et le système ne la reconnaissait plus. On ne trouve pas de diode non plus… déception personnelle. Grande. On regrettera aussi l’absence de contrôleur physique dont on ressent vraiment l’absence sur des petites tailles d’écran. Mais pour le coup, ajouter un contrôleur virtuel est impossible, le clavier étant entièrement plein. Une solution : limez-vous les doigts.
Si votre trip est de construire un portable, évitez ce genre de clip
Un bon point pour finir ce tour d’horizon : même avec un petit écran, le clavier Gingerbread mentionné juste au-dessus reste parfaitement utilisable. J’ai été agréablement surpris : la tape est rapide et on ne fait que très rarement des “miss tap”, pas plus que sur les claviers plus grands en somme. A tester pour les autres de type Swype, mais ça ne devrait pas poser de problème non plus.
En conclusion qu’en dire ? Et bien mon avis est partagé. Bien sûr, j’adore la philosophie derrière Geeksphone, j’adore cette idée d’un Android pur, mais est-ce vraiment un téléphone pour geek ? Le geek aime bidouiller et avoir le contrôle, mais il aime aussi les gadgets, il aurait aimé un gros processeur, des features tape à l’oeil, du NFC expérimental, de la 3D kikoolol, un projecteur, une fonction jetpack… bref, quelque chose de geek. Là, j’ai l’impression qu’il n’y a que le côté pas super amusant du “bon, mon système a 20 problèmes, en mettant les mains dans le cambouis virtuels je PEUX et je VAIS les résoudre”. N’hésitez d’ailleurs pas à fréquenter le forum officiel qui a ouvert une section française.
Du coup, je trouve que c’est finalement le téléphone idéal pour la copine du geek. La gente féminine de mon entourage se plaint souvent de la taille des smartphones (insérez une blague). Le Zero est donc un beau cadeau à leur faire sur lequel vous pourrez vous aussi vous amuser en toute sérénité à tester la dernière release d’une sombre ROM en alpha test. Mais de votre côté, son petit format, son petit matos et ses quelques problèmes d’optimisation hardware vous feront préférer un bon vieux smartphone 4 pouces du moment.
Vous pourrez acheter le Geeksphone nu directement sur le site officiel pour 189€.
Le Geeksphone Zero illustre très bien notre nouvelle illustration pour la catégorie “3 étoiles” : c’est bien, on aime le concept, mais c’est pas suffisant pour un coup de coeur. Franchement, la même philosophie avec un smartphone haut de gamme, j’en prends tout de suite deux. Un futur Geeksphone S ? Aller, j’y crois !
Remarquez que j’ai mis des points d’interrogations partout. C’était une petite touche personnelle au concept de titre. Voilà.
J’aime :
- La philosophie Geeksphone
- La réactivité globale
- L’ouverture du système
- Cyanogen
- Le jeudi
- Avoir enfin décidé d’installer un SSD sur mon PC
Je n’aime pas :
- Les bugs software, mais ça, ils n’y sont pour rien
- Les finitions par-ci par-là
- L’absence de feature vraiment “geek pr0n”
- Il faut avoir une copine pour en profiter
- En plus il faut qu’elle soit un brin geek
- Le mercredi (mais j’aime bien le mardi)
- Avoir un dilemme existentiel : vais-je rendre mes livres que je devais rendre depuis 15 jours et payer une amende ou attendre (quoi ?) et payer une plus grosse amende ?
La Note Android France – Détails
Les caractéristiques complètes et la galerie en vrac :