Coucou, tu veux mettre un doigt dans mon cercle ?
Vous étiez beaucoup à attendre le test du nouveau smartphone de chez HTC, je suis enfin en mesure de vous l’offrir. Les lignes suivantes pourront peut-être déterminer qui du GS II ou du Sensation est le véritable smartphone dual-core de l’été. Dans cette course, les deux mobiles partaient du même point ayant a priori chacun autant de défauts que de qualités.
HTC a plus déçu qu’autre chose depuis le début de l’année 2011 : un MWC pauvre en annonces, des smartphones nommés “S” qui ne révolutionnent pas du tout le genre, des effets d’annonce pour buzzer (pas de Gingerbread sur Desire ! En fait oui !), le blocage du bootloader (puis son annonce de futur déblocage…)… bref.
Un peu épais, mais résistant : c’est bien un smartphone HTC
L’ancien maître incontesté du haut de gamme Android devait frapper fort : ce Sensation signe son arrivée dans le monde des dual-core et devient également le porte-étendard haut de gamme d’une nouvelle interface Sense. Verdict.
Le poids des années… ou de l’expérience
La première prise en main de ce Sensation est étrange. Le smartphone est plus arrondi qu’un Desire HD, moulé dans des matériaux plus nobles et plus résistants que ceux du Galaxy S II, mais quelque chose cloche, le smartphone ne fonctionne pas. Il manque… ah ben il manque ma carte SIM pardi !
Ouvrir le Sensation pourrait être une première étape sur la Voie de la Sagesse : on s’aperçoit trop tard que TOUTE la coque se défait du reste. Très surprenant, comptez 2 ou 3 ongles et plusieurs douleurs avant de pouvoir vaincre la bête. Une fois refermé, on se prend à regarder le dos… 3 couleurs. Gris, beige et noir. Le patchwork est bizarre, on se demande pourquoi les designers n’ont pas gardé l’esthétique des précédents HTC.
J’aimerais bien laisser un petit mot dans la boîte pour les prochaines bloggueurs et journalistes : “ATTENTION, ENCOCHE TUEUSE”
Une fois le smartphone décortiqué et remonté, une fois qu’on s’est dit qu’on ne regardera plus jamais son dos, la prise en main est enfin agréable. On retrouve en fait une sorte de grand HTC Desire amputé de son trackpad. Ce n’est pas pour me déplaire.
Ils ont hésité avec HTC Flag
L’écran est bien incrusté dans la coque en téflon mais les finitions très difficiles à décrire de ce smartphone (en gros, il n’est pas “plat”, mais incurvé sur les bords) font qu’en quelques jours, on trouve déjà de la poussière dans la fine rainure qui borde le verre.
Pour tout le reste, je crois que je n’aurais que quelques mots à vous dire pour que vous compreniez : c’est du HTC. Très peu de leurs modèles n’ont pas eu les finitions de rigueur, le Sensation ne fait pas partie des bêtes noires de la marque et si vous aimez les smartphones “lourds” en main, vous apprécierez immanquablement celui-ci.
Le port micro-USB déporté, une nouvelle norme. Si vous avez une théorie sur le pourquoi, je suis preneur.
HTC a conservé la diode de notification : un point qui, vous me connaissez, aurait pu me réjouir, si elle n’était pas devenue complètement folle plusieurs fois. J’aime être prévenu physiquement qu’un message m’arrive ou qu’un facteur numérique dépose un mail dans ma boîte virtuelle… mais quand la diode clignote pour rien, c’est un peu l’effet inverse. Le bug s’est produit 4 ou 5 fois en une semaine, j’espère qu’il sera corrigé assez rapidement par HTC…
Caméra, capteur, diode dans le haut parleur : le compte est bon
Au niveau de la batterie, tout comme le GS II, c’est une très bonne surprise : le smartphone tient sans problème une journée avec une vingtaine de % restants le soir, mon cher Greg du JDG m’a affirmé qu’il avait même réussi à faire tenir le sien un week-end complet en l’utilisant peu. Gageons qu’en coupant les services Sense et en remplaçant l’IU ou la ROM, on pourra gagner encore quelques heures – voire jours.
“Sense est mort” a dit un jour un philosophe. Vive Sense répondit la foule !
La nouvelle version de l’interface personnalisée de HTC est vraiment surprenante. Aussi bien positivement que négativement. Parlons d’abord du positif. L’interface a devancé Google Plus et ses cercles, puisque c’est à peu près sur des formes rondes que repose le Sense nouveau.
HTC ne s’est pas contenté de proposer une simple évolution de son interface, ni une adaptation d’Android, mais a bien plutôt cherché à créer de nouvelles fonctionnalités. Première dans la liste : le lockscreen.
HTC n’a pas daigné ajouter un raccourci screenshot, mais vous aurez des photos un peu moins floues que d’habitude
Quand vous verrouillez votre smartphone puis que vous l’allumez, vous tombez sur un écran qui vous permet de déverrouiller votre jouet pour commencer à l’utiliser de nouveau. HTC a dû se dire que le concept n’allait pas assez loin, que les applications tierces n’étaient pas assez poussées, et qu’il restait des choses à faire sur ce terrain.
Désormais, vous débloquerez votre smartphone en glissant un cercle au centre de l’écran. Ca, c’est la version simple, puisque l’inverse est également possible. Pas glisser l’écran sur un cercle, non, mais glisser une des icônes présentes sur le lockscreen à l’intérieur du dit cercle pour lancer directement l’une des applications présentes.
Seul l’accès rapide à l’appareil photo m’a servi, mais l’idée est bonne
Oui mais voilà, corrigez-moi si je me trompe, mais ces raccourcis ne peuvent pas se modifier. Du coup, vous n’aurez le choix qu’entre “Mail”, “SMS”, “Téléphone” ou “Appareil photo”. Je n’utilise que Gmail, jamais le téléphone, ça fait déjà deux raccourcis que j’aurais aimé remplacer. Une bonne idée déployée trop rapidement ? C’est un peu le ressenti… et malheureusement le ressenti général à l’utilisation. Merci aux commentateurs, j’avais pourtant parcouru tous les menus qui me semblaient cohérents… (note à ceux qui n’auraient pas trouvé : personnaliser / Ecran verrouillé / paramètres / sélectionner les raccourcis).
Cette histoire de cercle se reproduit par exemple dans les appels : il faut glisser un cercle sur le bouton raccrocher ou sur le bouton décrocher. De même pour l’alarme, éteindre ou snoozer avec ce mouvement. C’est joli et tout, mais moi ça me gonfle.
De manière générale, tout ce que Sense gagne en esthétique, Sense le perd en intuitivité – depuis quand l’humain préfère faire un mouvement plus long que par le passé pour une action similaire ? -… et en optimisation. Je ne voulais pas en arriver là si tôt dans le test, mais c’est bien le plus grave à mon sens sur ce smartphone et sur l’avenir de HTC en général : c’est un fait, Sense rame.
Le multi-bureau, j’adore la fonctionnalité, mais… Launcher Pro va plus vite.
Sense a toujours été l’interface la plus fluide, tous constructeurs confondus, ajoutant des services intéressants et une ergonomie parfaite. Le HTC Sensation est moins fluide qu’un HTC Magic sous Cyanogen et Launcher Pro. C’est complètement fou, mais nous sommes tombés d’accord avec plusieurs de mes confrères, ce n’est pas seulement mon modèle qui a des problèmes. Sense est devenu une surcouche lente et mal optimisée.
Les notifications sont un véritable bordel et ajoutent un écran complexe là où le but était de faciliter l’accès aux informations
La nouvelle interface qui n’a de “3D” que le nom peine à faire tourner les bureaux ou les fait tourner à l’infini si l’on va un peu trop vite. On a l’impression de se retrouver sur un smartphone avec une interface Orange. Le lockscreen modifié suit la même tendance, l’effet de déverrouillage aurait pu être très joli si seulement il n’affichait pas 10FPS les trois quart du temps.
On retrouve la même lenteur dans le lanceur d’applications : changer d’écran n’est pas instantané, cela ne glisse pas, ça saccade. Je ne comprends personnellement pas du tout ce retour en arrière. HTC passe de la première place à la dernière, Sony Ericsson faisant mieux niveau fluidité sur des smartphones mono-coeur. La déception est très, très grande.
En fait, en regardant les images, c’est assez sexy ! Ne lisez pas, ne lisez pas, ne lisez pas, ne lise…
Je sais que les fanboys m’en voudront de condamner cela si fermement et qu’en plissant les yeux ou en ralentissant son cerveau, l’interface peut paraître fluide, mais rendez-vous à l’évidence : ce Sensation fait moins bien que tous les HTC précédents sous Sense.
Et on ne peut pas mettre en cause le hardware du smartphone qui n’a rien à envier à un Galaxy S II parfaitement fluide, le problème est forcément software. HTC aurait eu du mal à passer le cap du dual-core ? Peut-être, et j’espère sincèrement que tout cela va s’améliorer très vite. Qui a dit Evo 3D ?
HTC invente : le smartphone mono-média.
Bon, j’exagère un peu, mais à peine. La partie multimédia est, elle aussi, plutôt en retrait par rapport à celle complètement bluffante du GS II. J’ai dit mono-média, s’il fallait filer la blague, je dirais qu’il s’agit de l’appareil photo.
Du côté de l’appareil, j’ai l’impression que rien n’a changé depuis le premier Sense. Tant mieux.
HTC a fait beaucoup d’efforts sur ce point et les photos sont vraiment très belles. On sent que le statut d’appareil d’appoint commence à être dépassé sur les smartphones de nouvelle génération. Contrairement au Galaxy S II, l’application appareil photo du Sensation est très basique : quelques filtres, quelques modes, on appui, cela fonctionne. Le zoom n’est pas trop mauvais mais tant que les smartphones n’auront pas de zoom optique, cela restera un peu moche par rapport à une photo entièrement dézoomée.
J’ai continué la tendance entamée avec le GS II qui visait à diversifier mes photos pour vous donner une meilleure idée des capacités du smartphone, vous aurez donc une galerie complète en résolution d’origine en plus des quelques photos commentées juste ici :
Leucanthemum vulgare, vous aviez tous reconnu
Je vous conseille d’aller faire un tour à la paroisse Saint-Marcel si vous êtes dans un trip glauque post-apocalyptique
Awesome feature : le HTC Sensation a une fonction voyage dans le temps
Jet d’eau tournant, smartphone ruiné dans 5… 4… 3…
J’ai trouvé ce bouquin par terre, dans la rue, je me suis dit que j’allais en faire une oeuvre d’art post-contemporaine… c’est raté, mais c’est la faute du smartphone.
Du côté de la vidéo, je ne sais pas quoi dire sans être grossier, c’est tout simplement de l’entubage de mouche. C’est bien beau de proposer du 1080p, si c’est de l’upscaling d’une vidéo de 360 pixels de large, ça reste immonde. Franchement, j’ai rarement vu un résultat aussi laid et j’ai vérifié les réglages plusieurs fois pour m’assurer que c’était bien tout au max. Jugez plutôt, je n’ai même pas osé la convertir et faire le montage habituel, de peur d’affiner l’original…
Xperia Arc
Optimus 2X
Desire S
Galaxy S II
Sensation
Et du côté de la lecture alors ? Et bien c’est du même acabit, ne vous inquiétez pas, HTC reste cohérent. Vous ne pourrez lire aucune vidéo high profile, pas de h.264, pas de .mkv. J’ai pris pour référence les vidéos qui étaient lues parfaitement sur le Galaxy S II et on trouve énormément de problèmes d’optimisation : saccades, son séparé de l’image etc. Oh et bien sûr, j’ai tenté cela aussi bien en décodage software qu’en décodage hardware. Du coup, il va falloir réencoder à la main ! Bon courage pour le “grand public”.
Décidément, HTC a manqué le coche du dual-core.
Et oui mesdames et messieurs, je ne parle pas d’un lecteur vidéo, je ne parle pas d’un logiciel de retouche, mais je parle d’un MAGNETOPHONE ! Unbelievable ! So XXIe !
Je ne sais pas si vous vous rappelez de mes précédents tests, mais j’ai plusieurs fois indiqué que la course à la puissance ne m’intéressait pas. Un smartphone qui tournerait parfaitement et disposerait d’applications natives excellentes et bien optimisées pourrait bien avoir un simple coeur et des specs de l’année passée : ce n’est pas vraiment mon problème. Les plus beaux exemples sont le HTC Incredible S et l’Xperia Arc.
Néanmoins, il ne pourrait pas mériter 5 étoiles puisqu’il n’aurait pas suivi les “règles” du progrès dans le domaine de l’informatique. La note maximale aurait alors été réservée à un smartphone haut de gamme, avec des spécificités techniques avancées et surtout, bien exploitées et justifiées. Le GS II s’approchait de cette perfection en nous proposant par exemple des logiciels d’édition de vidéo ou de photo et un rendu parfait des vidéos high profile en Full HD. Le Sensation, c’est l’inverse. Il y a du hardware puissant, mais qui ne sert à rien, puisque le smartphone n’a aucune application qui sait l’utiliser.
HTC Invente : les dés virtuels. Pour les 3 rôlistes dans le fond : oui, il y a des d20 et toute sorte de cônes chelous.
Pire, comme je l’ai dit, les applications banales comme Sense ont perdu en vélocité tout ce que les spécificités brutes ont gagné en puissance. C’est exactement ce que je ne voulais pas voir cette année, c’est exactement ce qu’un dual core ne devrait pas être.
HTC Invente : après le bouton Facebook, la VOD ! C’est peut-être ça le truc, pour qu’un fichier vidéo fonctionne, il faut le payer sur leur store.
Alors oui, dans tout ça, les grands amoureux de Sense y trouveront leur compte, les utilisateurs occasionnels également : après tout, le smartphone n’est pas un Chacha mais a quand même une belle tripotée d’applications sociales et se prend très facilement en mains. Mais l’amoureux de perfection, le fan de HTC de la première heure ou encore celui qui hésite avec un Galaxy S II ou un futur Evo 3D ne pourront pas craquer.
Pour conclure, et préparer mon bouclier anti-cailloux
J’ai entendu par-ci par-là que le Sensation était ce que le Desire HD aurait dû être. J’avais été méchant avec le Desire HD, les premières séries de ce modèle ayant été finies à la tronçonneuses. Donc oui, le Sensation est bien la relève du Desire HD dans le sens où il complète les lacunes de son grand frère et les défauts du second sont les qualités du premier. Le Sensation est très bien fini, très bien modelé, mais toute la partie software est ratée.
L’écran est bon mais n’a pas l’effet “waw” d’un Super Amoled Plus. Sense est devenue une interface lente et poussive, pleine d’effets qui feraient passer une ROM Orange pour une bijou d’optimisation. Les nouvelles features sont intéressantes et peuvent être très pratiques, mais est-ce que vous êtes prêts à perdre autant en confort ce que vous gagneriez en esthétique ? Pour ma part, c’est très clair : non.
Je déplore le fait que HTC se soit endormi dans son coin depuis le succès du Desire et la quasi-perfection du Nexus One en son temps. La marque ne séduit plus l’utilisateur exigeant, celui qui veut le haut du haut de gamme. D’ailleurs, on peut se demander si sa cible a venir n’a pas complètement changé elle-aussi : les geeks du Magic ont laissé leur place aux adolescents pré-pubères du ChaCha. A force de sacrifier ses adorateurs, HTC a perdu son image de marque très haut de gamme. En tout cas, ce n’est clairement plus le fer de lance d’Android.
Oh, et le bootloader du Sensation n’est toujours pas officiellement déverrouillé, quand Samsung envoie ses GS II gratuitement à l’équipe Cyanogen. A bon entendeur…
J’ai aimé
- Les finitions soignées
- La diode, quand elle n’est pas folle
- La carte micro SD de 8 go fournie
- L’appareil photo
- Les fonctionnalités de Sense, quand ça bouge pas, c’est toujours aussi bien fichu
- Empaqueter ce smartphone et le renvoyer
- Sortir ma carte SIM avant même de prendre les photos du test
- Manger des farcis niçois handmade by mamie ©
- Google +, mais bon, on s’en fout
J’ai failli me scalper à mains nues à cause de :
- La très mauvaise nouvelle version de Sense
- La non fluidité générale
- La caméra… une honte faite à mes yeux que je n’ai toujours pas pardonnée
- La sensation (ohohoh) que HTC n’a pas du tout compris comment fonctionnait un dual-core
- La perte de confiance en HTC… ça a été pendant si longtemps mon constructeur favori…
- L’absence de climatisation dans le train des années 80 de la SNCF
- Mes voisins de wagon, je connais toute leur vie maintenant, mais mon boulot n’a pas avancé
Je remercie Expansys pour le prêt de ce HTC Sensation que vous retrouverez bien évidemment dans leur boutique. Si vous hésitiez et que vous désirez un excellent smartphone maintenant tout de suite, nous vous orientons sans hésiter vers le Galaxy S II, disponible aussi chez eux.
Les caractéristiques complètes.
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