Cet article n’est pas sponsorisé par HADOPI ni par le gouvernement, je suis le premier à cracher sur leur politique de répression ridicule, leurs spots à deux balles et leur incapacité à se poser les vraies questions – et donc à proposer les vraies réponses.
Je suis énervé, vous n’aurez que des chats tristes pour illustrer cet article
Non, c’est en passionné d’innovation et des faussement appelées “nouvelles” technologies que j’écris. Quand on parle de piratage, personne n’est innocent. Et même, quand on demande au pirate pourquoi il pirate, ses raisons sont souvent bonnes, à mon sens, et de toute façon, un produit piraté ne correspond pas à un produit non-acheté. Non, c’est un raccourci trop facile quand de telles raisons peuvent être données.
Les voilà en vrac, celles que j’ai entendues çà et là ou défendues moi-même :
- La culture est trop chère. Un CD, un film, un jeu-vidéo, 15, 20 ou 60€. En plus, bien souvent, plus c’est mauvais et grand public, plus le prix monte. De même, les éditeurs se foutent de nous – 15€ le DLC, Harry Potter 7 en deux parties (2 places de ciné et 2 DVD ! PROFIT !)…
- Les jeux (et parfois les CDs ou les films en VOD) que l’on achète ne sont plus les nôtres : des DRMs insupportables, des licences qui n’autorisent qu’un seul visionnage, de la musique qui ne fonctionne qu’avec un compte sur un lecteur mp3…
- L’offre est très mauvaise en France : pas de VOD correcte et synchronisée sur les Etats-Unis, des séries en retard d’un an et traduites avec les pieds, VO absente, une qualité minable quand, par chance, on trouve notre bonheur…
- Les gros studios sont pétés de thunes, alors qu’un étudiant sans revenu accède à un film, un jeu ou un livre qu’il n’aurait pas acheté de toute façon, c’est toujours ça de gagné pour sa culture et son développement personnel, et ce n’est de toute façon qu’une goutte dans les milliards brassés par l’industrie.
D’accord, admettons. Admettons toutes ces raisons. Alors pourquoi piratez-vous des applications ou des jeux sur Android ? Cet article fait suite à celui de Monsieur Max qui développe sur Android, à propos de sa démotivation après avoir constaté les chiffres liés à l’utilisation de son dernier jeu, Tales of Pocoro : 300 jeux achetés, au moins 10 000 joués. Après le travail et les heures passées à débugger le jeu, le succès n’est pas au rendez-vous, ou du moins si, mais pas où il devrait être : sur le Market.
Je vous avais prévenu
Je voudrais alors rappeler à la petite communauté qui nous lit que derrière les applications et jeux que vous utilisez, il y a des hommes qui bossent, souvent seuls, sur leur temps libre, par passion, pour vous offrir des services que vous n’aurez jamais eu sans eux.
Je voudrais aussi rappeler suite à l’énumération des points précédents qu’une application vaut à peu près 2€, qu’une application est installable sur TOUS les smartphones et TOUTES les tablettes Android que vous achèterez jusqu’à la fin de votre vie et que bien souvent, un développeur à qui vous montrez la facture se fera un plaisir de vous envoyer le .apk de son bébé.
Regardez comme il est triste… on vient de lui pirater ses croquettes qu’il avait durement gagnées
Ensuite, si l’offre est mauvaise sur Android, c’est que des abrutis préfèrent voler les développeurs qui s’escriment à proposer du contenu exclusif, innovant ou divertissant, jusqu’à les dégoûter de la plate-forme. Cela se sait, et cela ne donne pas envie aux grosses pointures d’iOS par exemple de sauter le pas.
Si chaque application était une success-story à la Angry Birds, cela se saurait. Essayez de regarder un peu plus loin avant de pirater une application Android : vous êtes en train de faire perdre un développeur à toute la communauté des utilisateurs.
Il vient d’apprendre que son maître payait ses boîtes avec ses ventes sur l’Android Market
Enfin, la plupart des studios qui développent sur smartphone et en particulier sur Android sont aux mains de passionnés, vivant souvent de cette passion ou travaillant à leurs applications sur leur “temps libre”. Il y a des gros studios, mais même un talentueux Hexage n’a rien à voir avec un Activision ou un Microsoft. Pour eux, chaque vente compte.
Alors que Google est en train de mettre en place une sorte de “guide” qui ne fera sûrement pas de miracle pour qu’une application fonctionne économiquement, le piratage est toujours une plaie sans commune mesure sur Android. Et sans aucune raison, si ce n’est la mauvaise foi des pirates.
Lui, par contre, c’est un menteur. Ne vous faîtes pas avoir.
Un jour, sachez qu’il y aura une répression. Quand Google s’apercevra que les développeurs n’en peuvent plus et passent chez la concurrence, ils repenseront les méthodes de vente du Market. Oh, oui, les pirates seront les premiers à râler quand un smartphone devra reconnaître la signature d’un Market bourré de DRM pour lancer une application. Mais ce ne sera qu’un juste retour de flamme.
En plus de détruire Android – car qu’on se le dise, un OS vit grâce à ses développeurs -, ceux qui piratent des logiciels à 2€ ne font qu’un peu plus enterrer l’espoir de ceux qui, comme moi, prônent une culture du partage. Bah oui, à quoi cela sert de faire de belles envolées lyriques pour dire que le piratage est dû à une absence d’offre légale décente, quand les pirates continuent à pirater même quand cette offre leur est proposée ?
Vous aimez Android ? Vous aimez les applications que vous utilisez ? Achetez-les. Vous n’aurez aucune excuse si vous ne le faites pas. Et j’espère que les pirates auront assez d’estime d’eux-mêmes pour ne pas venir pleurer sur nos forums ou dans les commentaires quand Google prendra des mesures liberticides et contraignantes pour l’utilisateur.
Pour l’instant, ce sont les développeurs qui doivent consacrer une partie toujours plus grande de leur temps à chercher un moyen d’enrayer le piratage… et les développeurs n’ont pas que ça à faire.
En piratant des applications et des jeux de qualité, peu chers et souvent fruits d’un seul ou d’une poignée de passionnés, vous donnez raison à toute tentative de répression. Tales of Pocoro n’est qu’un exemple parmi tant d’autres, mais un exemple qui, malgré son succès critique, n’a jamais eu d’existence sur l’Android Market… et ce, parce qu’à chaque copie achetée 30 étaient téléchargées illégalement.
Crédit image une : victoriawhite
Edit suite à vos commentaires sur l’insécurité de Google Checkout : ce n’est pas moins sur que Paypal. Et quand bien même vous seriez frileux, ce qui serait compréhensible, avez vous songé aux cartes prépayées qui ne nécessitent pas de compte ? Yuna, La Poste ou tout simplement la “Carte Bleue virtuelle” de votre banque, séparée de votre compte, dédiée aux achats en ligne.