Comme vous le savez, j’étais cette année au MWC de Barcelone, grande foire annuelle où sont présentés en grandes pompes les smartphones à venir. Même si cela devait déjà se sentir dans mes résumés ou mes tweets sur @af-live, je peux dire avec du recul que si l’on enlève les tablettes, la génération Android à venir ne m’a pas convaincue. Ce n’est pas que les smartphones ne sont pas bons, c’est que tous ont des défauts rédhibitoires.
Samsung par exemple… le Galaxy S II est un smartphone à l’écran magnifique et est un des plus puissants du salon. Ouais, mais comme on dit des fois “c’est du Samsung”. Ce qui veut dire en substance que c’est du plastoc cheap, que le suivi sera médiocre, qu’il faudra utiliser Kies, que le bootloader pourra être bloqué matériellement (souvenez-vous des Galaxy S sans combo 3 boutons) et qu’il faudra reconnaître qu’on achète le produit le plus proche d’un iPhone… sous Android.
“C’est un Samsung ton iPhone ?” vous demandera votre père
Motorola, plutôt convaincants eux-aussi, un Atrix surpuissant, mais les critiques sont les mêmes. Motorola a l’habitude de bloquer ses bootloaders à double-tour. Puis l’Atrix n’est-il pas un produit qui vient s’inscrire dans une gamme complète avec tous ses docks ? Seul, il ne se démarque pas vraiment.
LG, la bonne surprise du salon ! Certes, certes, la bonne surprise sous Android 2.2 avec des arguments marketing “3D” pas super convaincants. Du coup, l’Optimus 3D démarre avec une tare, et l’on ne sait pas bien encore comment LG, pas habitués au haut de gamme, pourra s’en sortir.
Et si on prenait la même photo que Samsung en coupant les têtes de nos hôtesses ?
HTC, la blague. Les smartphones sont peut-être les moins cheaps du salon, avec toujours ce design propre à la marque et qui ne tente pas de copier d’autres form factors, mais ils ont tous un an de retard ! Puis avec cette génération, on perd les boules ou pavés tactiles si chers aux utilisateurs d’HTC…
Sony Ericsson, une belle gamme qui pourra contenter tout le monde. Mais que ce soit l’Arc ou le Play, on retrouve une finition plastique et des smartphones pas vraiment au niveau de leurs frères haut de gamme… Et puis comme je l’ai déjà dit, ce sera du bootloader ultra-fermé.
“Le plastique est moins cher à produire, c’est ce que les gens veulent” “ah, et pourquoi les smartphones sont toujours au même prix alors ?” “…”
Je passe sur ZTE, Geeksphone ou encore Alcatel qui ne proposent pas vraiment du haut de gamme et n’ont pas les mêmes ambitions que les firmes sus-citées. Ce tableau étant fait, je peux affirmer qu’aucun smartphone ne me convainc parfaitement. C’est cette sensation bizarre de se dire qu’on aura forcément mieux en changeant, mais qu’on devra sacrifier beaucoup de nos exigences… exigences qui étaient remplies par la gamme précédente.
Alors voilà un petit cahier des charges qui ferait mon smartphone Android idéal, du très haut de gamme sans concession. J’ai eu l’idée de faire cela, évidemment pour lancer le débat vu que c’est très subjectif, mais aussi pour pointer du doigt un fait assez triste pour nous : Android, c’était plus innovant quand c’était jeune.
Good ol’times…
- Ecran : un 4 pouces. Celui du Nexus S version américaine serait le client idéal. J’ai eu beaucoup de smartphones en main, de tailles différentes, et 4 pouces m’apparaissent comme le compromis idéal entre confort et encombrement. C’est aujourd’hui la seule chose qui me gène sur mon Nexus One. Ce serait du Super-Amoled bien maîtrisé. Capacitif et multipoint, cela va de soi… 3D ? Non merci, pas besoin.
- Processeur : dual-core. Pas que ce soit la course à la puissance qui prime, mais vue la batterie complètement minable du Nexus S (même pas une journée) et du Desire HD, si le dual-core permet une meilleure gestion des ressources, je signe. En plus, ça permettra de voir venir pour les applications lourdes.
- RAM : ce qui se fait le mieux et qui permettra d’être parfaitement fluide dans les menus. La RAM dual channel de l’Optimus 3D semble toute indiquée.
- Design : celui de la génération qui a vraiment lancée Android, celui du Nexus One et du HTC Desire. Ces deux smartphones ont complètement changé la donne au niveau matos et ont donné à Android l’image de marque et de qualité qui lui manquait. Du coup, ce design est assimilé dans ma tête à l’androphone par excellence. Des matériaux nobles évidemment, pas de plastique ou très peu.
- Système : Android, évidemment, et je ne précise la version, puisque mon Androphone idéal serait mis-à-jour à chaque sortie d’une nouvelle mouture, Over The Air, of course, et serait bien sûr une version nue. J’irai même jusqu’à préférer une version Cyanogen de l’OS, moins lourde et permettant beaucoup plus de choses au niveau des fonctions. Mais cela ne tiendrait qu’à l’utilisateur de le changer puisque le…
- Bootloader : serait complètement ouvert et libre. Mieux encore, il proposerait par défaut tout ce que les bootloaders alternatifs proposent : backup, restore, flash, wipe… Le smartphone serait vendu prêt à l’emploi et d’un confort d’utilisation optimal pour le “grand public”, mais libre aux plus aventureux d’aller au-delà. La seule chose à ma connaissance qui ait briqué un maximum de smartphones sous Android, c’est quand les utilisateurs ont essayé de dépasser les protections du bootloader (Samsung anyone ?). Et puis tant qu’à faire dans l’idéal, ce bootloader aurait créé sur la mémoire interne une partition intouchable qui remettrait le smartphone en configuration d’origine.
- Mémoire : 16 Go en interne, pour voir loin niveau stockage (les données des applications prennent parfois une place folle), et un port micro SD. Pourquoi l’enlever ? Mystère…
- Fioritures : une boule. Parce que malgré tout, on a pas encore trouvé mieux pour se déplacer sur un écran. Et puis la boule fait double fonction : elle sert aussi à communiquer les notifications et les différents états du téléphone (en charge, batterie faible…). Je trouve ce point essentiel : Android a amené avec lui un système de notification révolutionnaire et 80% des modèles à venir n’en tiennent pas compte. C’est juste hallucinant, pourquoi devrai-je sacrifier quelque chose d’aussi rudimentaire ? C’est vraiment quelque chose qui me dépasse. Dès lors, on pourrait se passer de la diode de notification et la remplacer par une caméra pour la visio.
- Dock : une connectique par aimants pour un dock de bureau. Parce qu’encore une fois, on a pas fait mieux niveau simplicité et confort d’utilisation. Poser un smartphone en douceur ou essayer de le faire entrer sur son port microUSB, le choix est vite fait. Motorola va encore plus loin : la Xoom doit s’enfoncer sur DEUX ports, un USB et un mini HDMI. Autant vous dire que ça va s’user vite fait…
Beau, petit, pratique… what else ?
Voilà, c’est à peu près tout ce que je demande d’un Androphone. Remarquez que je n’ai pas parlé des fonctions multimédias style caméra ou appareil photo : je m’en fiche un peu, cela restera toujours des appareils d’appoint en cas d’urgence et non de véritables compacts. De même, je n’ai pas mentionné les évidences : NFC, bluetooth, Wifi, 3G… cela tend à devenir une norme.
Ce qui est triste, c’est que je trouve que les points que j’énonce relèvent du bon sens. Tous ces détails ont fait d’Android ce qu’il est. Ou plutôt ce qu’il a été. Cette nouvelle génération emprunte le chemin d’Apple : fermeture des possibilités, interface, idéologie… mais il faudrait que les constructeurs se rendent compte d’une chose, jamais il ne feront aussi bien. Tout simplement parce qu’Apple n’est pas LE modèle à suivre.
“On va créer un modèle les gars. Cela ne sert à rien d’imiter le leader, l’innovation paie.” [1 an plus tard, vous connaissez la suite]
La génération Desire/Nexus One a créé le modèle Android, et c’est à mon sens celui là que les constructeurs devraient avoir en tête. Nous ne voulons pas d’iPhone du pauvre. Nous ne voulons pas d’un téléphone fermé. Nous ne voulons pas de concession sur le haut de gamme. Nous ne voulons pas perdre les avantages de notre smartphone actuel en prenant un meilleur smartphone. Faire des téléphones grand public, d’accord. Mais ce qui a lancé et qui anime Android, c’est aussi une communauté de passionnés, de développeurs indépendants, de bidouilleurs, de geeks en tout genre.
Chers lecteurs, je vous invite à vous poser cette question : si vous voulez un Galaxy S II, pourquoi ne pas acheter carrément un hypothétique iPhone 5 ? Si on continue sur cette voie, la prochaine étape sera de remplacer les services Google par des services constructeurs… ce qui tend à être déjà le cas chez HTC et Motorola. Et à part cette synchronisation de l’activité liée à votre compte Gmail, je ne vois malheureusement pas ce qui reste de la mentalité Android dans les androphones 2011.
Heureusement qu’il y a Honeycomb…