Chers lecteurs, comme promis, c’est au tour du Pocketbook IQ de subir mon protocole de test impartial, composé de deux mains et d’un esprit subjectif. Subjectif, certes, mais exigeant. Voyons ce qu’il en est…
Quand j’annonçais l’arrivée imminente du Pocketbook à Olivier, il me tint à peu près ce langage : « ah ce truc avec un écran mou ? ». Bon. Je remballais ma joie aussi vite. Mais qu’il avait tort, Olivier, qu’il avait tort ! Retenez ce proverbe lecteurs, « avec des efforts même mou, cela peut être bon ».
Quelques mots sur la méthode de test en elle-même pour éviter toute confusion : le Pocketbook IQ est vendu comme un e-reader, c’est-à-dire que son job à lui, c’est de lire des documents : e-books, pdf, docs etc. Des trucs avec des mots virtuels quoi. De fait, tout ce qui sort de cet usage est un bonus ! Du coup, je ne voudrais pas remuer le couteau dans la plaie et vous spoiler la conclusion, mais cet e-reader explose la Touchlet sur son terrain, qui est censée être une tablette multimédia, pour un prix de 169€. Comment ? La réponse est à portée de scroll-down.
Avec du sable, on fait de la boue, mais aussi du verre.
Avec du plastique, on fait des jouets Made in China pour Kinder Surprise, et des Pocketbook IQ. Et il faut le dire, le produit est réellement impressionnant au niveau des finitions. C’est un bon bloc de plastique en 2 parties, solidement attachées entre elles, entourant un écran résistif couleur de 7 pouces. J’y reviendrai. Le design n’est pas révolutionnaire, mais a le mérite de servir l’usage livre de l’IQ : le plastique est doux et le bord suffisant pour que la prise en main ne gêne pas la lecture.
Au niveau des connectiques et autres boutons, pas grand chose à dire. Il y a un haut parleur pas trop mauvais (mais rien de transcendant comme d’habitude sur ce type d’appareil), une prise casque, une prise pour le recharger, un port mini-USB et un lecteur de carte SD. Dans un courant de démocratisation des microSD, le choix de la carte SD en extérieur est judicieux : on minimise le risque de la perdre.
A l’intérieur, on retrouve une batterie que je trouve un peu démesurée pour son autonomie de 2 jours à peu près (elle est franchement immense, je m’attendais à une semaine non-stop moi !). Et une carte µSD ! Du coup, vous avez la possibilité théorique de monter 64go de mémoire en plus (et à l’infini si vous avez une infinité de carte SD, changeable sans démonter l’appareil) de la mémoire interne. Il y a donc de quoi faire niveau lecture.
Venons maintenant à la partie qui fâche. Vous commencez à me connaître un peu : moi pas aimer écran résistif. C’est le mal absolu sur Android. Bon, et bien comme je le disais en introduction, avec un peu d’effort et de savoir, on peut énormément améliorer le confort d’utilisation. Et oui, vous allez lire un test dans lequel l’écran résistif ne plombe pas tout l’intérêt de l’engin testé.
D’abord, je préfère le rappeler pour éviter les commentaires là-dessus, on achète un Pocketbook IQ pour lire. Et moi quand je lis, j’ai souvent un stylo ou un crayon dans les mains. Quand je l’ai testé, ça a été un réflex, j’ai pris mon stylo, j’ai juste fait attention à ne pas l’ouvrir, et c’est comme ça que je me baladais dans les menus, que je tournais les pages, que j’accédais aux notes et aux chapitres. Je n’ai donc pas piqué une crise sur la mauvaise réactivité de l’écran à mes doigts, qui réagissait donc convenablement à mes coups de stylo.
J’admets que le corrélat que j’avais énoncé lors du test de la Touchlet, écran de mauvaise qualité visuelle = écran résistif, était un peu précipité. Cet écran là est beau, les couleurs sont plutôt bien rendues, et surtout, le contraste est assez bon pour permettre une lecture agréable. En plus, en penchant l’IQ, on ne perd pas la visibilité tout de suite, ce qui n’était pas le cas de la Touchlet. Petite provocation a posteriori, puisque cette phrase m’avait été reprochée par Pearl : je le répète, l’écran de la Touchlet, c’est de la merde. Et n’allez pas me sortir l’argument du lowcost : le Pocketbook vaut 169€ et a un écran résistif à la fois plus réactif et plus agréable visuellement.
Prenez-en de la graine, constructeurs chinois, au lieu de nous refourguer votre camelote.
E-reader = Win.
Comme je voulais éviter un nouveau cataclysme, j’ai demandé à discuter avec un ingénieur ayant bossé directement sur l’IQ pour qu’il puisse m’expliquer ce que la tablette peut et ne peut pas faire, et surtout comment elle doit le faire. Je remercie d’ailleurs leur service de presse très réactif qui a réussi à me trouver un ingénieur parfaitement francophone en moins de 24h.
En premier lieu, il y a la surcouche. Pocketbook a pris une version d’Android 2.1 et a ajouté un grand widget que l’on ne peut pas supprimer, qui prend un écran entier et se nomme « bibliothèque ». Cette application est vraiment une bibliothèque au sens premier : elle ne gère que vos livres, même si elle peut afficher les dossiers « photos » et « vidéos ». Elle lit en fait tous les dossiers présents sur la carte SD ou dans la mémoire interne et n’affiche que les fichiers qu’elle peut lire. Enfin, seulement si vous décidez de classer par dossier, parce qu’il est possible de réorganiser les ouvrages par auteur par exemple, et de fait, l’ambiguïté disparaît.
Mille livres à peu près se téléchargent automatiquement lors de la première connexion au Wifi, libres de droit. On retrouve nos grands auteurs français avec plaisir, et si vous n’avez, pour je ne sais quelle raison, plus internet pendant 2 mois, vous ne serez sûrement pas venus à bout des 200 chefs d’oeuvres disponibles. Et si vous êtes polyglotte, d’autres ouvrages sont également pré-chargés dans une 20aine de langues.
Mais il y a aussi tout le reste : les ouvrages gratuits non préchargés, les magasins d’e-books qui deviennent de plus en plus fournis, les PDFs, les documents office… bref, il faut reconnaître que ce reader fait bien son boulot et décode tout et n’importe quoi pourvu qu’il y ait des mots à l’intérieur.
Pendant la lecture elle-même, plusieurs fonctions sont à votre disposition. Un zoom d’abord, fini les bouquins imprimés en police 5 pour économiser de l’encre, c’est vous qui choisissez la taille ! Vraiment pratique pour les gens dont la vue n’est pas excellente. Ensuite, on peut noter une fonction marque page, une fonction note qui enregistrera la page et vous permettra de l’annoter, une fonction « sommaire » pour aller directement à un chapitre, une fonction recherche et enfin une fonction dictionnaire, qui n’affiche pour l’instant que l’anglais et le russe.
Ma conversation avec l’ingénieur de chez Pocketbook m’a permis d’avoir 2 informations intéressantes à ce sujet : Android 2.2 arrive pour fin février, en même temps que le partenariat avec les dictionnaires français. Que du bon donc si vous avez un brin de patience.
E-reader + tablette bonus + Android = Win Win Win !
Mais il y a mieux ! Non non non, le Pocketbook IQ n’est pas qu’un e-reader. Prenez la fonction note par exemple : il est possible de faire des notes manuscrites. Bon, c’est pas d’une précision chirurgicale, mais comme vous pouvez le voir sur les photos suivantes, ça pourra occuper un gosse en bas âge ou une camarade de bibliothèque pendant quelques heures ! De même, pour les procrastinateurs, une appli Sudoku est préinstallée, avec des milliers de grilles triées par niveau.
Mais voilà, j’arrive au plus intéressant, et qui devrait vous faire craquer pour un IQ plutôt qu’une tablette lowcost. En plus de leur surcouche super pratique, on voit que les petits gars de Pocketbook sont des geeks qui ont fait un produit grand public très ouvert. Et ça, c’est ce que j’aime sur Android : avoir le choix d’utiliser les fonctions de base, ou de faire ce que je veux avec mon système.
Par exemple, que diriez-vous d’une application native, dans le menu des applications, qui en un clic, vous permet d’installer le market alternatif que vous voulez ? C’est fort. SAM 4.0, le market déjà installé propose pas mal d’applications, alors si en plus on vous donne le choix d’une dizaine de markets en plus… on peut presque se passer du market officiel !
Ensuite, l’IQ que j’ai reçu n’était pas à jour. Cela m’a permis de voir qu’on pouvait télécharger un update.zip depuis le site web de Pocketbook, qui, une fois copié sur la carte SD, mettait à jour automatiquement la machine en la redémarrant avec le bouton volume haut appuyé. De là, on pense bootloader. Et root. Et tout le reste. Et on a raison : le développeur avec qui j’ai pu discuter m’a dit que leur page Facebook était remplie de conversations de geeks qui avaient accomplis de nombreux exploits. « On les laisse faire, de toute façon ce genre de produit est voué à être ouvert ». Belle mentalité, et surtout, enfin des gens qui ont compris qu’Android sans sa communauté, c’était bof.
Je n’ai pas essayé, mais il paraîtrait même que l’on peut installer un Android nu et fonctionnel (avec Gmail et Market notamment). Mais ce n’est pas tout, après la mise-à-jour, un explorateur de fichier s’est ajouté à la liste des applications natives… en me baladant, je suis tombé sur un dossier « app » contenant des .apk d’Opera, de Dolphin et de Rockplayer.
Et voilà encore quelque chose qui me plaît dans leur façon de concevoir un produit : si vous installez le Rockplayer du market, cela ne fonctionnera pas. Conscients de ça, les ingé de Pocketbook ont donc intégré (de façon certes un peu dissimulée) une version du fameux lecteur multimédia adapté à leur tablette. Fonctionnelle. La lecture de film n’est pas ultra fluide, mais au niveau de la qualité c’est au dessus de tout ce qu’on peut trouver dans cette gamme. Et pour la xème fois : on achète ce truc pour lire des livres, fonction remplie à 100%. Tout le reste est du bonus qui fait mal au monde des tablettes.
La navigation dans les menus n’est pas très fluide, ça accroche comme sur les premiers Android Phones, à cause d’un matériel embarqué pas super puissant. Mais vu qu’on peut s’amuser, j’ai installé un .apk d’ADWex, et c’était déjà bien plus confortable. Mais comment les blâmer d’avoir une machine un peu lente dans une utilisation tablette si ce n’est pas le produit qu’ils vendent, mais celui qu’on en fait ?
Pour conclure, je peux vous affirmer que ce Pocketbook IQ est ma première bonne surprise de ce début d’année 2011. J’ai eu du mal à l’avoir, d’abord l’exemplaire est parti en Allemagne, ensuite UPS a fait des siennes, ensuite je n’ai pas tout de suite compris comment il fallait l’utiliser (comme une tablette, comme un Android de base, comme un e-reader, comme un mix de tout ?) et je partais enfin sur un a priori négatif (écran résistif, bas prix…).
Mais voilà, l’expertise de Pocketbook en matière d’e-reader, la sympathie des développeurs, la politique suivie par ces derniers de laisser leur jouet aux mains des geeks de tous bords et les possibilités de la machine à terme donnent un cocktail délicieux et explosif. Délicieux, parce qu’il comblera tous les utilisateurs qui cherchent un e-reader couleur, abordable et polyvalent, et une tablette lowcost bien supérieure à ses concurrentes dites « multimédia ». Explosif, parce que boom, dans les dents des concurrentes, et ça, ça fait du bien, car cela montre qu’on peut faire un produit pas trop cher, fini, confortable et ouvert. Pour le même prix que le plus mauvais des Touchlet, juste comme ça.
One more thing comme on dit dans le clan des jus de pomme : une version boostée avec écran capacitif est dans les cartons. Le prix augmentera, mais gageons que l’expérience acquise par Pocketboot depuis la commercialisation de ce premier IQ saura le justifier. Je l’espère en tout cas !
Ces notes tiennent compte de la notation revue à la baisse pour l’année 2011. 3 étoiles est donc une très bonne note.
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